Xavier Beulin, président de la FNSEA, en appelle ce vendredi 19 juillet 2019 au chef de l'Etat pour qu'il obtienne un « aménagement » de la décision européenne supprimant les restitutions, ou subventions aux exportations de volailles.
« C'est au président François Hollande de jouer : il doit mettre tout son poids dans le dossier pour obtenir de [Manuel] Barroso [le président de la Commission européenne, ndlr] sinon une remise en cause au moins un aménagement de cette décision », a déclaré M. Beulin à l'AFP, précisant qu'il voyait le chef de l'Etat « lundi ».
« C'est à ce niveau-là que ça se joue. Le président n'a pas seul la main, mais c'est à lui de porter sur le devant de la scène les conséquences de cette décision brutale », a poursuivi le patron du syndicat majoritaire.
Les deux principaux groupes volaillers concernés, Doux et Tilly-Sabco, tous deux dans l'ouest de la France, emploient plus de 2.000 salariés travaillant à l'exportation.
« Au-delà de ces deux entreprises, c'est toute la filière avicole qui risque de ressentir l'onde de choc : on a environ 2,5 millions de mètres carrés qui produisent du poulet pour l'exportation vers le Proche- et le Moyen-Orient, qu'en fait-on ? », a demandé M. Beulin, en soulignant que si « on reverse leur production sur le marché national on déstabilise toute la filière ».
Le président de la FNSEA a fait valoir qu'il était plusieurs fois intervenu « depuis des mois » auprès des dirigeants français – ministre de l'Agriculture et président – pour sauver le régime des restitutions européennes sur la volaille qui ne profitaient plus qu'à la France (à 93 %).
« Pourquoi la France n'a-t-elle pu obtenir un aménagement du dispositif dans le paquet global de la Pac ? » [politique agricole commune], a-t-il demandé.
D'autant, a-t-il regretté, que « l'Union européenne continue d'appliquer ses engagements pris en 2005 » de démanteler les dispositifs d'aide à l'exportation, « pendant que nos concurrents américains, brésiliens et autres utilisent ces mêmes armes pour être plus performants ».
Le ministère de l'Agriculture avait regretté jeudi une « décision brutale » qui porte un coup grave à une filière « en difficulté ».
« Coup de massue »
Pour la Coordination rurale (CR), la décision de Bruxelles est « un nouveau coup de massue ! ». « Cette décision vise de toute évidence les intérêts français et vient accroître encore les difficultés dans lesquelles se débat depuis des mois le secteur de la volaille avec, à la clé, des milliers d'emplois en jeu, explique le syndicat vendredi dans un communiqué. Même si la CR n'a jamais cessé de réclamer non pas des subventions à l'exportation mais des prix rémunérateurs pour un marché européen protégé, elle s'élève contre ce mauvais coup porté aux éleveurs ».
« Il importe que la France montre enfin sa détermination à faire respecter le droit des agriculteurs à vivre dignement de la vente de leurs produits plutôt que de continuer à se montrer complice du démantèlement de la Pac désormais réduite à une machine administrative de distribution d'aides, qui met en péril notre souveraineté alimentaire », ajoute la CR.
De son côté, le Collectif avicole français s'interroge vendredi dans un communiqué et parle aussi d'un « coup de massue » : « A qui profite, par effet de domino, cet assassinat de toute la filière avicole française ? Aux Brésiliens ? Aux Allemands qui lorgnent sur notre marché intérieur ? Anéantir la filière des volailles d'exportation, c'est le cheval de Troie trouvé par nos compétiteurs pour déstabiliser toute la filière avicole française. Bien que parfaitement consciente des conséquences qu'une telle décision pourrait avoir sur les emplois, la Commission a décidé, seule, en l'absence de consensus des Etats membres, d'annuler les restitutions alors que la parité euro/dollar atteint des sommets et que les écarts entre les coûts des matières premières de l'UE et les prix de vente des volailles sur le marché mondial sont abyssaux ! »
« Cela apparaît donc une volonté délibérée de la Commission d'asphyxier la capacité exportatrice de la filière française et européenne des volailles. L'ensemble des membres de la filière d'exportation, avec l'appui de ceux de la filière du frais, ne s'avouent pas vaincus pour autant, et s'organisent déjà pour mettre les pouvoirs publics français et les collectivités régionales face à leurs responsabilités et trouver des solutions qui permettent à la filière française de conserver sa place ! », ajoute le Collectif avicole français.
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lundi 22 juillet 2013 - 09h34
Toujours la dictature de la commissiion avec, encore une fois ses effets dévastateurs!