La politique de régionalisation menée par le gouvernement menace-t-elle l'enseignement agricole privé ? C'est ce que craignent les représentants du Cneap (1), qui travaillent sur cette question lors de leur congrès, les 9 et 10 avril 2014 à Paris.
« L'enseignement privé fonctionne aujourd'hui sous contrat d'association avec l'État. A partir du moment où celui-ci n'est plus donneur d'ordre, rien ne garantit que les Régions reconnaitront notre place. Elles n'ont juridiquement aucune obligation à ce niveau », s'inquiète Philippe Poussin, secrétaire général du Cneap.
En attendant la prochaine loi organisant la décentralisation du système éducatif, qui devrait être discutée avant l'été, ce dernier demande aux parlementaires, ainsi qu'à l'Association des Régions de France (ARF), de « trouver une solution » pour éviter que les établissements agricoles privés se retrouvent marginalisés dans les politiques locales.
Pour Nicole Belloubet, membre du Conseil constitutionnel et ancienne rectrice, cela pourrait passer par la conclusion de contrats tripartites entre les Régions, les Draaf et les établissements. Une initiative intéressante, selon le Cneap, mais qui reste soumise aux bonnes volontés locales.
Derrière cette problématique, c'est toute la question de l'articulation entre le public et le privé qui se pose. Ainsi que celle du positionnement du gouvernement, dont le nouveau ministre de l'Education nationale, Benoit Hamon, vis-à-vis des établissements privé (un tiers de l'enseignement agricole). Philippe Poussin a, à ce propos, regretté une participation « extrêmement réduite » du ministère de l'Agriculture au congrès du Cneap, de même qu'à celui de l'Unrep (2), l'autre représentant de l'enseignement agricole privé, qui se tenait ces mêmes jours. Signe, selon les établissements « sous contrats », d'une malheureuse perte d'intérêt envers eux.
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(1) Conseil national de l'enseignement agricole privé).
(2) Union nationale rurale d'éducation et de promotion.