« Aux urnes ! » « On les aura ! » Les militants de la Coordination rurale (CR) sont apparus très remontés contre le syndicalisme majoritaire, lors de leur congrès qui s'est tenu au Mans, le 28 novembre 2012. Heureux calendrier pour le syndicat, à deux mois des élections aux chambres d'agriculture...
Un seul objectif pour les troupes : faire passer la FNSEA sous la barre des 50 %. Et la stratégie est sans ambiguïté : attaquer « le vieux syndicat » sur tous les fronts.
« On la retrouve à la tête des banques, des coopératives, des assurances, des chambres d'agriculture... Il faut casser ce monopole », a martelé Bernard Lannes, président de la CR. A la tribune, c'est le président Xavier Beulin qui est directement visé : « La seule solution qu'il propose est de faire des producteurs des apporteurs de matière première à bas prix et nous lier à l'agroalimentaire par des contrats défavorables. Ce n'est pas le rôle d'un syndicat agricole ! La consanguinité est tueuse ! »
Et François Lucas, vice-président de la CR, de rappeler les origines de son syndicat, né après « la trahison de soi-disant syndicalistes » des années 1980-90 : « En embrassant le mythe de la vocation exportatrice de l'agriculture, ils ont empoisonné notre métier ! »
Entre « un syndicalisme voué aux industriels » et les thèses de la Confédération paysanne jugées écologiques, la CR entend proposer aux « déçus » des autres syndicats « un juste milieu, en défendant les revenus et en restant au niveau des agriculteurs ». « Pour la première fois, nous pouvons envisager de rééquilibrer le paysage syndical », a affirmé Bernard Lannes, sous les applaudissements nourris des 700 congressistes.
La Coordination rurale a par ailleurs voulu faire office de « poil à gratter » en mettant au cœur de son congrès deux sujets polémiques : la thèse du docteur Bernard Beauzamy, directeur de la Société de calcul mathématique SA, qui dénonce l'absence de base scientifique à la norme concernant les nitrates, et « l'imposture hydrologique qui fait passer les agriculteurs pour des pollueurs d'eau ».
« Personne n'ose mettre ces sujets sur la table, mais c'est notre devoir syndical d'inciter les politiques à revenir sur leurs positions », a justifié Bernard Lannes. Un discours qui a su enflammer l'assemblée.
Un autre sujet a mis le feu aux poudres du syndicat : l'interprofession. Le 12 décembre 2012, Bernard Lannes rencontrera le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, pour lui faire part de sa volonté de voir « une gestion démocratique des instances ». Cet entretien sera aussi l'occasion de s'insurger contre la possibilité de voter en préfecture, lors du scrutin de janvier 2013. « Ces dernières ont droit de déléguer l'organisation aux chambres. Vu le paysage syndical actuel, on demande de l'impartialité ! » Un rendez-vous avec le président de la République devrait s'en suivre.