L'engouement des consommateurs pour les produits locaux n'étant plus à démontrer, il appartient aux producteurs de s'organiser pour faire face à la demande. Les coopératives et les chambres d'agriculture du Centre ont réfléchi, le 13 novembre 2013, à Vierzon, aux conséquences des évolutions alimentaires sur la production agricole.
C'en est fini de la présentation des circuits courts comme la panacée pour des producteurs en recherche de valeur ajoutée : ce colloque a permis de souligner combien ce choix de distribution était exigeant, tant en termes de compétences que de temps de travail ou d'investissements. Que ce soit pour créer de nouveaux modes de distribution (Amap, e-commerce...) ou redynamiser les anciens (marchés...), « l'amateurisme n'est pas permis, a ainsi affirmé Estelle Rondreux, de la Draaf du Centre. Il n'y a pas de marge d'erreur si on veut se faire une place et la garder ! »
Les différents intervenants ont souligné la nécessité d'innover en matière de logistique pour affronter les nouvelles contraintes : livraison de plates-formes ou de cantines, adaptation des produits aux exigences de la distribution, affichages réglementaires... « Il devient impossible d'agir seul », selon Estelle Rondreux. Cette dernière a vanté les expériences « d'intelligence partenariale » présentées à Vierzon, comme le travail entre les chambres d'agriculture et la société de restauration collective Api, pour adapter la production locale aux exigences des cuisines centrales, les relations contractualisées avec des industriels comme la société Germ'line, etc.
Autre exemple, à Blois, avec un projet de magasin et de e-commere mené par les coopératives de la région : « Mon panier tout prêt. » L'objectif est ici de mettre les compétences logistiques des coopératives, ainsi que leurs gammes de produits respectives, au service de la distribution. Encore à l'étude, ce projet devrait être lancé « au début de 2014 », selon Adeline Guillon, de la fédération des coopératives agricoles du Centre.
Pour Benoit Limouzin, producteur de fromages de chèvre à Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire), le défi des agriculteurs est « d'apprendre de nouveaux métiers ». Cogérant du magasin de producteur La Charrette, près de Tours, ce dernier a insisté sur la nécessité d'adapter l'exploitation aux nouveaux modes de distribution. Notamment en ce qui concerne l'organisation du travail : « Il est impératif d'étaler la production tout au long de l'année pour satisfaire la clientèle », a-t-il illustré. Sans oublier les besoins supplémentaires en main d'œuvre : « Avec les dix autres associés du magasin, nous avons embauché au total une quinzaine de personnes en plus sur nos exploitations dans les cinq dernières années ».
