A l'annonce lundi du déblocage de 500 millions d'euros d'aide « ciblés » en priorité pour le secteur laitier répartis en enveloppe par Etat membre, il n'a échappé à personne que les négociations seraient compliquées. Le risque de saupoudrage financier est grand. Une simple division par le nombre d'agriculteurs européens aboutirait à une aide d'environ 40 € par exploitation !
Au-delà de cette enveloppe, dont les modalités seront précisées au conseil européen à Luxembourg les 14 et 15 septembre, la Commission propose un assemblage de mesures diverses parmi lesquelles Farm Europe, think-tank bruxellois spécialisé dans les affaires agricoles et agroalimentaires, voit quelques éléments intéressants. En particulier, le développement de nouveaux instruments financiers via la Banque européenne d'investissement (BEI) : « Cela peut être une réponse pour les exploitations qui sont très endettées quand les marchés sont au plus bas, notamment celles ayant investi dans la perspective de la fin des quotas », soulignent les experts. Mais tout reste à faire avant d'en mesurer la porter.
Concernant l'augmentation du niveau d'aide publique pour le stockage privé, Farm Europe estime que le dispositif « peut pousser les opérateurs à stocker volontairement davantage ». Mais ni le nouveau niveau de l'aide, ni la durée d'obligation de maintien en stock ne sont connus pour l'instant. Il est donc difficile de juger de son efficacité à ce stade. « S'il est bien calibré, il peut dans une certaine mesure être un équivalent politiquement moins sensible au recours à une intervention renforcée. S'il est véritablement incitatif, il pourra contribuer à un rééquilibrage sur le court terme entre l'offre et la demande ».
Farm Europe note également un encouragement à développer le recours au mécanisme de stabilisation des revenus, et notamment les systèmes d'assurance. « La mesure est prévue de façon embryonnaire dans le second pilier de la Pac actuelle. Face à la volatilité des marchés, dont la crise actuelle est une nouvelle illustration, c'est une piste sur laquelle l'UE devrait travailler sérieusement », suggèrent les spécialistes.