Ce mardi matin, le 15 septembre, à Rennes (Ille-et-Vilaine), le Space ouvrait sa 29ème édition au son des manifestants réunis sous des dizaines de drapeaux jaunes. Mobilisés contre la crise qui secoue leurs filières, les éleveurs de la Coordination rurale (CR), de la Confédération paysanne et de l'Apli ont choisi l'union pour porter plus haut leurs points de convergence. Visionnez la VIDEO et le diaporama de la manifestation.
« Nos revendications sont les mêmes qu'en 1992 : la régulation dans toutes les productions », insiste Pascal Aubry, de l'Organisation nationale des éleveurs de porcs (Onep, CR). Eleveur de porcs en Mayenne, il a quitté son exploitation à 4 heures, des drapeaux de la Coordination fixés sur son Fendt, pour rejoindre la centaine de tracteurs attendus par les syndicats. « Nous voulons aussi faire comprendre à nos collègues de la FNSEA qu'on ne veut pas de l'argent du contribuable, poursuit-il. Il nous faut des prix. »
Dans ce même convoi des agriculteurs mayennais, un laitier produisant 650.000 litres propose : « il faut bloquer les livraisons ! J'ai jeté mon lait en 2009, et je suis prêt à recommencer. Quand les Français n'auront plus rien à manger, ils comprendront notre détresse. On va crever ! » Il n'est pas le seul à laisser paraître son désarroi. Sur le parking, où les syndicats attendaient 500 manifestants, tour à tour, les différents responsables syndicaux, éleveurs laitiers, de porcs ou de volailles, prennent le micro.
L'ambiance reste bon enfant, mais les interventions sont amères. « Il était important d'être présents au Space pour cibler les organisations professionnelles qui nuisent à notre agriculture, lance l'un d'eux. Avec ce système productiviste, non seulement on ne vit pas de notre métier, mais on fait crever les paysans des quatre coins de la planète avec notre surproduction. »
Suit une visite sur quelques stands institutionnels, notamment celui de la FNSEA. Les porteurs des drapeaux jaunes pointent du doigt Xavier Beulin, qui porterait selon eux trop de casquettes générant des conflits d'intérêt. Un peu plus loin, sur le stand de Sodiaal, la Confédération paysanne reproche davantage à la coopérative sa stratégie de développement basée sur l'exportation.
Priorité à la régulation
Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, revient sur son entretien, la veille à Vesoul, avec François Hollande, Manuel Valls, et Stéphane Le Foll. « Nous leur demandons de porter à Luxembourg la nécessité de réguler les productions, relate-t-il. Mais ils répondent que la Commission est de droite, et plutôt libérale. Si notre ministre ne déclare pas publiquement qu'il est favorable à la régulation, ça va être dur de l'arracher. »
Quant aux solutions prises par le gouvernement pour alléger les trésoreries, les syndicats s'accordent à dire qu'elles étaient nécessaires, mais que le système n'a pas changé. « La crise du lait est devant nous, estime Laurent Pinatel. A ce train là, d'ici à la fin de l'année, le prix du lait passera en dessous des 300 €/1.000 l. »
Quant au porc, Pascal Aubry imagine un prix de base à Noël sous l'euro. Il insiste sur la santé du Cadran : « Depuis le mois de mars, je dis que le marché de Plérin ne passera pas l'année. Je reste sur ma position. Nous sommes à l'apéritif de la crise. Et ça va se durcir de plus en plus. »