Présent vendredi matin au Space, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a annoncé de nouvelles « propositions de contractualisation » avec les secteurs bovin et porcin, dès la semaine prochaine, dans le prolongement des mesures déjà annoncées le 3 septembre 2015.
En annonçant à la dernière minute cette visite, pour le dernier jour du deuxième salon agricole français après celui de Paris, le ministre avait pourtant déminé le terrain, faisant taire les accusations, notamment de l'extrême-droite, sur le « désintérêt » supposé du gouvernement pour des agriculteurs en plein désarroi, voire sa peur d'affronter leur colère.
Depuis 20 ans, le Space a en effet toujours reçu la visite d'un membre du gouvernement. Pour des visites parfois très agitées, comme avait pu l'expérimenter Jean-Marc Ayrault lorsqu'il était Premier ministre. Malgré le contexte, rien de tout cela cette fois pour le ministre, entouré il est vrai d'un imposant et très vigilant service d'ordre. Mais un accueil très froid, ponctué au fil des stands par les apostrophes de plusieurs éleveurs, et de propos peu amènes lors de son passage dans les allées.
« On veut des prix, pas des primes »
« M. Le Foll, c'est pas des primes qu'on veut, c'est des prix », le hèle Clément, qui se présente comme fils d'éleveurs. Tandis qu'un autre dénonce « les normes » qui étouffent les paysans. A chaque fois, le ministre prend le temps de répondre, d'expliquer, de contredire même. Les prix (payés aux producteurs - ndlr), il « se bat » pour les obtenir, même si c'est une question de marché et que « ça ne se décrète pas ». Et il martèle le message répété depuis plusieurs mois : pour surmonter la crise, il faut des « réponses structurelles ». Et d'annoncer de nouvelles « propositions de contractualisation » avec les secteurs bovin et porcin, dès la semaine prochaine, dans le prolongement des mesures déjà annoncées le 3 septembre.
Des propos qui ont du mal à convaincre, notamment les plus jeunes. « De la goule, de la goule » (des discours, des discours - ndlr), lâche l'un d'eux. « Pourquoi il ne vient pas voir les vaches laitières ? Il fuit les problèmes. Et pendant ce temps-là, on ne gagne pas notre vie. On n'arrive plus à vivre de notre métier », assène Eric, jeune producteur de lait, entouré de deux de ses amis, très remontés eux aussi.
FCO : « Je ne suis pas inquiet »
Rassurant, le ministre a voulu l'être aussi sur un des grands sujets d'inquiétude des agriculteurs : l'embargo russe qui contribue à aggraver la crise de la production porcine avec « 100.000 à 150.000 tonnes de porc supplémentaires sur le marché européen ». Il a affirmé qu'il irait « en octobre » en Russie, à l'invitation de son homologue, pour essayer « d'ouvrir des portes ».
« J'ai été invité pour venir pour un salon en Russie par le ministre russe et j'irai donc au mois d'octobre en Russie », a déclaré M. Le Foll. « J'essayerai moi-même de commencer à dialoguer, discuter et essayer d'ouvrir des portes sur l'embargo sanitaire », a-t-il promis.
Le ministre s'est également largement entretenu des mesures de prévention prises par le gouvernement face à la fièvre catarrhale ovine (FCO) dont plusieurs cas ont été détectés dans le centre de la France. « Je ne suis pas inquiet, mais il fallait réagir en toute transparence. C'est ce que nous avons fait », a insisté M. Le Foll, assurant que cela n'aurait « aucun impact », notamment sur les exportations animales. « Ce qui me peine, c'est que cela en rajoute dans un contexte déjà difficile », a-t-il déploré.