Les Jeunes Agriculteurs (JA) ont adopté leur rapport d'orientation, lors du 45e congrès national du syndicat, après de longs et houleux débats.
Il fallait être patient et attendre mercredi minuit pour que les congressistes abordent le seul vrai point novateur du texte : la réforme du système d'accompagnement financier de l'installation. Le bureau national de JA propose de remplacer les prêts bonifiés par un « fonds de garantie » – le fonds d'épargne, de développement et d'investissement pour jeune agriculteur (Fedija) – destiné à faciliter l'accès à l'emprunt bancaire des porteurs de projets. En outre, il voudrait transformer la DJA en un « aide à la création d'entreprise jeunes agriculteurs » (Acreja).
L'idée de supprimer les prêts bonifiés a suscité de nombreuses craintes dans l'assemblée, avec comme question cruciale : peut-on se passer de l'Etat ? Et surtout, pourra-t-on, dans une telle situation, faire confiance aux banques pour continuer à bénéficier de taux d'intérêt privilégiés ?
« Si on laisse les candidats à l'installation négocier eux-mêmes les taux avec les banques, on peut dire adieu aux installations », a alerté Bruno Montourcy, président de JA de l'Aveyron.
Comme à plusieurs reprises dans la soirée, le bureau national s'est heurté à un front commun des régions représentées, qui souhaitaient des gages de sécurité. A l'image d'un amendement adopté sous la pression de l'assemblée, qui prévoit de faire reposer le dispositif sur « un socle national fort assurant à chacun une capacité d'emprunt de base significative » et de maintenir « une différenciation nationale de montant attribué correspondant aux contraintes territoriales ». En somme, « un retour au principe des prêts bonifiés », a moqué un membre du bureau, opposé à cet amendement. « Nous voulons bien faire évoluer le système, mais il faut garder un cap national pour pas qu'il nous échappe », lui a répondu Bruno Montorcy.
Les débats sur la « nouvelles DJA » ont eux aussi été animés. En particulier sur la définition de la grille de calcul. Le rapport prévoit d'élargir les critères de calcul à l'impact positif de l'installation sur le territoire ou encore la maîtrise économique du projet, et non plus au seul enjeu territorial. Une initiative plus ou moins bien reçue par les auditeurs, suivant qu'ils venaient de zones de plaine ou de montagne...
Ce rapport adopté doit servir de base à une grande réflexion que JA lancera dès septembre 2011. Objectif : trouver les moyens de mettre en œuvre les grandes orientations définies à Rodez et les inscrire dans le prochain rapport d'orientation. Ce qui promet une année mouvementée pour le réseau des jeunes, et un congrès de 2012 encore plus houleux que celui-ci.