En Bourgogne, pour nourrir le troupeau allaitant cet été et l'hiver prochain, la solidarité entre céréaliers et éleveurs est déjà une réalité à travers les premiers contacts noués entre les agriculteurs du nord et ceux du sud de la région. La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) de la Côte-d'Or ont organisé douze réunions de travail de concertation.
« Aucune exploitation ne doit cesser son activité à cause de la sécheresse », a souligné Fabrice Faivre, président de la FDSEA du département, lors d'une visite d'une exploitation céréalière entre plaine et plateau. Les élus responsables professionnels de la chambre d'agriculture ont présenté à Philippe Pinta, président de l'AGPB (Association générale des producteurs de blé) et d'Orama (Union des grandes cultures), à Christophe Terrain, président de l'AGPM (Association générale des producteurs de maïs), ainsi qu'à Anne Boquet, préfète de la Bourgogne, la situation des parcelles de cultures impactées par le manque d'eau.
Chez Bernard et Jean-Marie Chaume à Epagny, sur les terres à faible potentiel de l'exploitation, le blé est de très faible hauteur. Le ramassage de la paille en basse quantité sera compliqué et délicat. Habituellement, chez eux la paille est broyée et enterrée. Bernard et Jean-Marie Chaume ont décidé de travailler avec des éleveurs du canton voisin de Sombernon en la mettant à leur disposition.
Sylvain Lecour, polyculteur et éleveur allaitant, compte cette année récolter en plus sa paille de colza et viendra à Epagny faire 100 ha de paille pour augmenter sa ressource en fourrage récolté. Entre paille litière et paille alimentaire peut apparaître une situation critique en termes de ressources et d'augmentation des charges pour les éleveurs sur le plan de la nécessité d'acheter des aliments.
Globalement, les récoltes de grain et de paille seraient inférieures de 20 % dans le département avec des situations très disparates d'un secteur à l'autre. La situation ressemble à 2003 ou à 1976 selon l'hétérogénéité des sols et de la pluviométrie.
« Il n'y aura pas de récolte du tout dans certaines zones sableuses ou caillouteuses où les céréales ont été brulées », complète Fabien Faivre. « Il est important que les éleveurs fassent connaître rapidement leurs besoins », demande Philippe Pinta.
Derrière la mise à disposition de paille par les céréaliers se posent de nombreuses problématiques techniques comme la vitesse de récolte, la logistique et le transport. Les prévisions de coûts entre les éleveurs de la Mayenne et les céréaliers de l'Eure-et-Loire aboutissent à un rendu ferme de 90 €/t en moyenne (tout compris).
Les bords de route mis à contribution Les éleveurs ont obtenu l'autorisation du conseil général de la Côte-d'Or de faucher et récolter les bords de route. A Pontailler-sur-Saône, l'opération a été un succès. « Nous ne pouvons pas éviter la décapitalisation du cheptel allaitant. Les abattages sont en augmentation de 10 % actuellement », souligne Jean-Pierre Fleury, secrétaire général de la FNB (Fédération nationale bovine) et de l'EDE (établissement départemental de l'élevage). Le transfert entre le maïs grain et le maïs ensilage est aussi une autre alternative possible à mettre en œuvre selon les situations. « Le maïs est la solution, pas le problème », a précisé Christophe Terrain. |
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