Présent au congrès de la Confédération paysanne à Lille jeudi, Bruno Le Maire a joué la carte du dialogue sans pour autant faire d'annonces spectaculaires. Il est le premier ministre de l'Agriculture à participer à la clôture du congrès du deuxième syndicat agricole depuis dix ans (aucun ministre de droite ne s'est jusque-là prêté à cet exercice). Le précédent était Jean Glavany (PS), au congrès d'Argentan.
« Je n'ai pas vocation à être le ministre d'une partie des paysans. Je suis là pour rassembler, pas pour diviser », a expliqué Bruno Le Maire. D'entrée de jeu, le ministre a dit dans quel état d'esprit il abordait le grand oral proposé par la Confédération paysanne. S'estimant plus proche du syndicat que de certains de ses amis politiques sur plusieurs positions avancées par la Confédération paysanne, il a joué la carte de la pédagogie, sans toujours convaincre. Mais sans s'attirer non plus de franche contestation dans la salle où avaient pris place les 200 délégués.
Bruno Le Maire a rappelé son action à l'échelle nationale, européenne et mondiale (G20), insistant sur le besoin de « compétitivité » de l'agriculture française. Sa responsabilité dans ce domaine, a-t-il laissé entendre, est d'aider les agriculteurs français à « avoir des coûts de production plus faibles ».
Par ailleurs, il s'est vivement élevé contre la remise en cause du droit syndical implicitement contenu, selon lui, dans les contrats proposés par un industriel laitier, auquel il demande de « revoir sa copie ».
Au chapitre du pluralisme syndical, il a conseillé à la Confédération paysanne d'accepter la proposition du Cniel (interprofession laitière) d'assister à son assemblée générale et d'y faire valoir ses « droits ». « Jouez votre carte de manière responsable. Vous verrez, les choses bougeront », a expliqué le ministre.
Au-delà de quelques points d'actualité, c'est à une refonte en profondeur de la politique agricole qu'invite la Confédération paysanne. Son porte-parole, Philippe Collin, revendique « une autre agriculture, une autre société ».
C'est le sens des « 10 mesures pour sauver et installer les paysans » adoptées par le syndicat, au terme de longs débats en région. C'est muni de cette feuille de route que le syndicat entend aborder les élections aux chambres d'agriculture du début de 2013.
D'ici là, la Confédération paysanne entend organiser, au printemps de 2012, des « Etats-généraux de l'agriculture ».
José Bové, député européen et ancien porte-parole de la Confédération paysanne, était présent au congrès de Lille pour affirmer que mobilisation sur le terrain et action politique doivent aller de pair.
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jeudi 14 avril 2011 - 20h29
Il est bien au chaud, il a un second revenu qu'il lui permet de naviguer à l'aise et de garder espoir dans l'agriculture... tant que les éleveurs vont finir par disparaître...