François Hollande a tranché : il n'y aura pas de « choc » de compétitivité, mais un « pacte » étalé dans le temps. Le président de la République espère ainsi reprendre en main un débat à hauts risques, focalisé sur le sujet controversé du coût du travail qui occulte tout le reste.
« Je déconseille l'idée du choc, qui traduit davantage un effet d'annonce qu'un effet thérapeutique », a lancé jeudi soir le chef de l'Etat pour défendre son « pacte de compétitivité ».
Le « choc de compétitivité » est poussé par le patronat et des économistes comme remède aux maux de l'économie française en perte de vitesse sur les marchés mondiaux. Il se traduirait par une baisse massive et immédiate des cotisations sociales, pour réduire le coût du travail, mais suppose en compensation une hausse d'autres impôts comme la CSG ou la TVA.
Alors que le candidat Hollande n'avait pipé mot sur le sujet pendant sa campagne, le gouvernement a laissé s'installer un certain flottement.
Le Premier ministre a d'abord confié à l'ex-patron d'EADS Louis Gallois, avocat d'un tel « choc », le soin de rédiger un rapport qui sera remis le 5 novembre 2012 pour inspirer ses arbitrages. Et Jean-Marc Ayrault a lui-même promis, le 11 septembre, « un vrai choc de compétitivité ».
L'exécutif a ensuite amorcé un rétropédalage au début d'octobre, faisant savoir qu'il n'y aurait pas de « choc » mais une « trajectoire » sur plusieurs années, ce que le chef de l'Etat a confirmé jeudi.
Vendredi, après la deuxième réunion de la semaine sur le sujet à Matignon, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a expliqué que le « pacte de compétitivité » serait « global » et s'étalerait « sur la totalité » du quinquennat.
« Problème de communication »
François Hollande a certes confirmé son intention de basculer une part des cotisations sociales sur d'autres prélèvements, mais « dans le temps » et en tentant de préserver le pouvoir d'achat.
Selon une source gouvernementale, le total pourrait avoisiner les 30 milliards d'euros d'ici à 2017, mais il n'y aura pas de hausse de la CSG ou de la TVA en 2013. « Les marges de manœuvre sont limitées pour l'instant, on demande déjà un effort important aux contribuables » avec une pression fiscale record l'an prochain, justifie une autre source.
Mais le flou persiste sur le dispositif envisagé, et l'intervention présidentielle n'a pas apaisé le débat.
« L'urgence est bien au choc afin d'enrayer la spirale de déclin », a ainsi réagi vendredi l'Institut de l'entreprise, un cercle de réflexion proche du patronat, réclamant « une baisse significative des charges sociales », « en une seule fois ».
La question du coût du travail continue donc d'empoisonner le gouvernement.
« Il y a un problème de communication », s'agace un conseiller gouvernemental. Selon lui, « à un moment donné, on s'est sentis obligés de dire qu'il y aurait un choc de compétitivité » et « le risque maintenant c'est qu'on nous accuse de reculer, alors qu'on va peut-être faire les choses plus intelligemment ».
Plusieurs responsables du gouvernement et de la majorité déplorent que cette question occulte le reste du débat. « La baisse des charges, ce n'est qu'une partie de la réponse, ce n'est pas la panacée », insiste-t-on à Bercy.
Selon cette source, le coût du travail dans l'industrie dépend aussi des prix des services et de l'immobilier qui s'ajoutent à la facture du secteur.
Et Louis Gallois lui-même a récemment souligné que la compétitivité ne se résumait pas au coût du travail. « La qualité, l'innovation, le service, l'identification des marques, c'est très fort ça », a expliqué le commissaire général à l'investissement, « il faut regarder tous les aspects ».
Mais en matière de recherche, d'innovation, de spécialisation des filières industrielles et d'amélioration du système éducatif, les réformes qui pourraient déboucher de la réflexion en cours risquent d'être peu spectaculaires et leurs effets ne seront probablement pas immédiats.
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lundi 29 octobre 2012 - 08h48
Il faut baisser les charges, mais la compensation ne doit venir que de la réduction du budget de l'Etat. Il y a trop de gaspillage et de fonctionnaires inutiles. En 1981 j'étais salarié; on me retenait environ 14% de mon salaires . Aujourd'hui, je retire 24% à mon salarié!!!!(sans compter les charges patronales). Par rapport à 1981, cela fait plus de 50% de hausse et on n'est pas mieux servi!!! Alors M. Hollande peit dire ce qu'il veut, mais en fait il fait l'autruche et ne veut pas admettre la réalité car elle va à l'encontre de son dogme socialiste. Il faut admettre que le mythe de l'Etat providence a vécu. Et vite. Le bateau commence à couler.