C'est avec 36 heures de retard, tant les négociations ont été rudes, que s'est achevé dimanche le sommet mondial sur le climat qui se tenait à Durban. Sur un succès en demi-teinte.
L'Union européenne, éternelle bonne élève en la matière, a accepté de se réengager pour une seconde période du protocole de Kyoto, qui est à ce jour le seul outil international juridiquement contraignant pour lutter contre le réchauffement climatique.
Il fixe des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour les pays industrialisés – excepté les Etats-Unis qui ne l'ont jamais ratifié. Sa portée était cependant réduite, non seulement par l'absence des Etats-Unis, mais aussi parce que les pays émergents tels que l'Inde, la Chine et le Brésil n'étaient pas concernés.
La nouvelle période d'engagement débutera au début de 2013 pour une durée de cinq à huit ans (à définir). Sa portée sera encore plus réduite que précédemment (elle devrait concerner 15 % seulement des émissions mondiales de GES), puisque le Canada, le Japon et la Russie n'ont pas voulu, eux, se réengager.
En contrepartie de ce nouvel effort consenti dans la lignée de Kyoto, l'Union européenne a obtenu qu'une « feuille de route » soit tracée vers un accord juridiquement contraignant et impliquant tous les pays pour réduire les émissions mondiales de GES. Il est ainsi prévu qu'un accord complet soit signé en 2015, pour une entrée en vigueur en 2020.
Si les négociateurs européens se réjouissent d'avoir « fait bouger les lignes », les experts rappellent que les actions entreprises à ce jour restent largement insuffisantes pour atteindre l'objectif fixé : contenir le réchauffement à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle (sachant que la température globale a d'ores et déjà augmenté de 0,8°C). Selon une étude présentée à Durban par les sociétés de conseil Climate Analytics et Ecofys, la planète s'achemine actuellement vers un réchauffement de 3,5°C.
Par ailleurs, les 195 pays réunis à Durban ont approuvé le mécanisme financier du Fonds vert, censé aider les pays en développement à faire face au changement climatique. Ce Fonds vert devra acheminer des financements à partir de 2013. A partir de 2020, il devrait être en mesure de verser chaque année 100 milliards de dollars, conformément aux promesses des pays industrialisés. Cependant, ces derniers n'ont pas encore décidé comment ils alimenteront ce Fonds.
Enfin, la ministre française de l'Ecologie s'est félicitée de la décision prise à Durban d'ouvrir un dialogue sur l'agriculture, « pour développer les bonnes pratiques et les transferts de technologies et répondre aux enjeux climatiques tant sur le plan de la réduction des émissions que de l'adaptaton à ses effets, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire ».
Le prochain rendez-vous mondial sur le climat est fixé l'an prochain dans l'Etat pétrolier du Qatar... qui détient le record du monde des émissions de CO2 par habitant.