Limiter le réchauffement climatique à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle est encore possible, mais implique d'agir vite pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70 % d'ici à 2050, avertit le Giec.
Sans changement majeur et rapide dans le mix énergétique mondial très dépendant du charbon et du pétrole, la hausse du thermomètre mondial sera de 3,7 à 4,8°C à l'horizon de 2100, selon un document publié dimanche 13 avril à Berlin par le Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec).
Actuellement, non seulement les émissions de GES ne cessent de croître mais elles le font à un rythme de plus en plus élevé : 2,2 % par an entre 2000 et 2010, décennie qui a vu un retour en force du charbon. « Sans réduction des émissions avant 2030, il sera plus difficile de ne pas dépasser les 2°C et les options seront plus réduites », alertent les scientifiques.
Pour réduire à grande échelle les émissions de GES, selon Ottmar Edenhofer, coprésident du groupe ayant rédigé le rapport, il va falloir « éviter de remettre à plus tard les efforts » dans ce sens et faire « des investissements considérables », notamment dans les systèmes énergétiques (production et consommation).
Les investissements dans les énergies « bas carbone » (renouvelables, nucléaire ou énergies fossiles associées à la capture et au stockage du carbone) vont devoir tripler, voire quadrupler entre 2010 et 2050, d'après le rapport. Une plus grande efficacité énergétique dans tous les secteurs (industrie, bâtiments, transports) est également incontournable, comme les efforts pour réduire la déforestation et augmenter le reboisement.
Le document publié à Berlin est une synthèse, appelée « résumé pour décideurs », d'un volumineux rapport de plus de 2.000 pages faisant le point sur les gaz à effet de serre d'origine anthropique, cause d'un réchauffement inédit de la planète.
Ces nouveaux travaux viennent compléter l'évaluation 2013-2014 du Giec – la dernière remontait à 2007 – après les récents rapports sur les preuves du changement climatique et ses impacts. Le travail du Giec sert de base scientifique aux difficiles négociations internationales qui doivent aboutir à Paris en 2015 à un accord ambitieux et contraignant pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et financer les actions d'adaptation au changement climatique.