Ecœurés ! Tel est le sentiment des agriculteurs et éleveurs de Sidiailles, petit village du sud du Cher et riverains du lac du même nom. Alors que, selon eux, aucune raison objective concernant la qualité de ses eaux (6 millions de mètres cubes pour 90 hectares alimentés par un bassin versant de 16.000 ha) ne le justifie, l'Administration du département a décidé de mettre en place une enquête d'utilité publique dans les plus brefs délais.
Le 30 mars 2010, les exploitants du site, qui appartient au département, ont été conviés à une réunion d'information, mais aucun de la centaine de propriétaires, ni des vingt-cinq agriculteurs concernés.
L'Administration, sur recommandation de l'hydrogéologue chargé du dossier, décide de mettre en place un périmètre de protection rapprochée de 1.040 hectares, dont 290 ha de périmètre de protection renforcée.
« C'est le président du syndicat qui exploite les eaux de Sidiailles qui nous a informés des futures interdictions et obligations. Leur mise en place reviendra à supprimer toute agriculture », s'indignent Jean-Pierre et Florence Lerude, portes-parole du collectif de défense qui s'est aussitôt constitué.
La liste des mesures est longue et non exhaustive : interdiction de stocker du fumier à l'air libre, de stocker de l'ensilage en dehors d'aires bétonnées, de créer de nouveaux bâtiments, de mettre en place des élevages intensifs en plein air, d'épandre des déjections avicoles, lisiers, boues...
Sur le périmètre de 290 ha les restrictions sont encore plus draconiennes : interdiction d'épandre des engrais ou des produits phyto, d'affourrager les animaux à la pâture, de détruire des couverts végétaux.
« En outre, les agriculteurs devront appliquer la directive relative à la zone vulnérable sur les 1.040 ha, poursuit Jean-Pierre Lerude. Avec couvert obligatoire en hiver, enfouissement du fumier sous 48 heures et compostage recommandé, alors qu'ils n'auront plus le droit de stocker le fumier. De plus, les engrais solides devront être stockés sur aire bétonnée avec rebord, etc. »
Face à la levée de boucliers, l'Administration a fait mine de reculer en ajournant l'enquête d'utilité publique, qui était prévue pour le début de juillet pour seulement quinze jours. De son côté, la chambre d'agriculture tente d'amorcer le dialogue en organisant une réunion en septembre.
« Selon nos informations, l'enquête d'utilité publique pourrait n'avoir lieu qu'à la fin de l'année, déclare Jean-Marc Jamard, responsable du service de l'environnement et des territoires à Bourges. D'ici là, nous allons tenter de voir quels points peuvent être améliorés afin de pénaliser le moins possible les agriculteurs et pour les aider à répondre pertinemment à l'enquête. Mais ils doivent demeurer conscients que le périmètre de captage doit être établi, et qu'il sera difficile à l'Administration de reculer. »
Indemnisations prévues Compte tenu de la perte de valeur des terres, engendrée par les nouvelles interdictions, un système d'indemnisation, fondé sur le système de l'expropriation, est prévu pour dédommager propriétaires et fermiers. Les propriétaires percevront une somme pour perte de valeur du foncier et les fermiers une indemnité d'éviction selon le type de production. |