Rémunérer des gestionnaires de l'espace – agriculteurs en première ligne – pour leurs pratiques vertueuses : pourquoi pas ? Cette question était au cœur de la conférence-débat organisée par la Mission Biodiversité de la Caisse des dépôts, mercredi à Paris.
Si le « paiement pour services environnementaux » est un sujet qui a émergé il y a déjà longtemps, sa mise en œuvre est compliquée, en particulier parce que sa définition n'est pas très claire. En particulier, il y a souvent confusion entre les services rendus par les écosystèmes, qui ne sont – heureusement ou non – pas monnayables, et les services rendus par des personnes aux écosystèmes : c'est ceux-là que l'on se propose de rémunérer.
Il s'agit bien d'un échange de services entre personnes, pas d'une marchandisation de la nature », a clarifié Laurent Piermont, directeur de la biodiversité de la Caisse des dépôts. Concrètement, il peut s'agir de rémunérer des pratiques agricoles favorables à la biodiversité ou à la qualité de l'eau.
Dès lors se pose une autre question : que rémunère-t-on ? Le fait de ne pas polluer ? Le fait de ne pas détruire la biodiversité ? Cela paraît inconcevable. La difficulté est donc d'identifier précisément le service rendu, qui doit aller au-delà du simple respect de la réglementation et des bonnes pratiques.
Il faut aussi trouver le juste équilibre entre efficacité (qui inciterait à ne rémunérer que les agriculteurs qui n'auraient pas, spontanément, changé de pratiques) et équité (qui conduit à rémunérer les pratiques favorables, qu'elles aient été adoptées spontanément ou non...).
Enfin, il faut s'assurer que le paiement de ces services est compatible avec le droit européen.
Tous ces obstacles ont contribué à faire du paiement pour services environnementaux un vrai serpent de mer. « Nous allons continuer la réflexion avec tous ceux qui voudront bien être nos partenaires », a conclu Laurent Piermont, annonçant en même temps que des opérations pilotes seraient lancées afin que « la théorie et la pratique puissent s'enrichir mutuellement ».