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Phytosanitaires

La Bretagne sur la voie environnementale (analyse)

Publié le vendredi 28 février 2014 - 12h10

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Les pratiques phytosanitaires s'améliorent nettement dans les bassins versants bretons, mais la protection des agriculteurs reste insuffisante, indique une note Agreste rédigée par la Draaf Bretagne analysant des données de 2011, publiée le 25 février 2014.

 

Entre 2004 et 2011, dans les bassins versants bretons, quatre exploitants sur cinq ont modifié leurs pratiques de protection des cultures par respect de la réglementation, mais aussi par souci d'économie, rapporte l'analyse.

 

La moitié des exploitants concernés par les améliorations de pratiques envisagent leur maintien dans les années à venir ou leur adaptation uniquement en fonction de la réglementation. 40 % pensent évoluer vers des pratiques plus économes en engrais et en produits phytosanitaires. Ces proportions s'inscrivent en légère augmentation par rapport à 2004.

 

Avec le « paquet pesticides », un ensemble de textes européens (1) signés en 2009 visant à protéger les cultures, tout en diminuant l'impact sur la santé humaine et sur l'environnement, la réglementation relative aux produits phytosanitaires s'est renforcée de manière continue au cours des dernières années afin d'en sécuriser l'usage, explique l'analyse. La suppression des molécules les plus dangereuses, l'instauration d'un dispositif de contrôle du matériel utilisé, la formation de tous les agriculteurs utilisant des pesticides en sont des éléments d'application concrète. Et le plan Écophyto 2018, visant à réduire de moitié (si possible, NDLR) le recours aux produits phytosanitaires, même s'il peine à montrer des résultats attendus, s'inscrit dans cette évolution, rappelle la Draaf Bretagne.

 

Dans la région, l'enquête bassins versants réalisée en 2011 par la Draaf fait un état des lieux des pratiques culturales, notamment de l'usage des herbicides, à la fois de manière qualitative, et de manière quantitative sur les soles de céréales et de maïs.

 

Au cours des dernières années, quatre exploitants sur cinq ont modifié au moins l'une de leurs pratiques de protection des cultures. Les motivations avancées tiennent à la fois aux évolutions réglementaires et à la recherche d'une baisse des dépenses. Les deux tiers ont ainsi réduit les doses à l'hectare, guidés en premier lieu par la recherche d'économies d'intrants. Près des deux tiers ont procédé à l'aménagement des parcelles avec l'implantation de bandes enherbées, de haies ou leur restauration, en invoquant dans 80 % des cas la réglementation. Par ailleurs, 40 % ont utilisé des variétés résistantes, motivés par l'économie d'intrants pour les trois quarts. Le quart des exploitants a retenu la substitution de molécules par respect de la réglementation pour 45 % d'entre eux, et aussi par souci d'économie (26 %).

 

Parallèlement, d'autres techniques se développent, telles que le non-labour et le désherbage alternatif.

 

L'utilisation d'herbicides pour le désherbage sélectif touche en Bretagne 91 % des surfaces en céréales et maïs, avec une pointe à 94 % dans le Finistère. Le désherbage total, qui supprime tous les végétaux, concerne en moyenne 14 % des grandes cultures, avec seulement 10 % d'entre elles dans les Côtes-d'Armor.

 

De manière globale, 85 % des quantités utilisées relèvent du désherbage sélectif sans différence significative entre les quatre départements. Demeurent cependant 15 % d'herbicides totaux utilisés avant la mise en place d'une nouvelle culture. En revanche, les doses apportées à l'hectare apparaissent plus fortes concernant les désherbants totaux que les sélectifs, avec respectivement 827 g/ha et 739 g/ha de matière active.

 

À l'échelle de la région, les molécules les plus présentes dans les produits utilisés sont l'isoproturon pour les herbicides sélectifs, et le glyphosate pour les herbicides totaux. Le glyphosate apparaît comme la molécule la plus utilisée au niveau régional d'après l'observatoire des ventes, compte tenu de son usage dans la destruction des Cipan (cultures intermédiaires pièges à nitrates) et des prairies.

 

La pratique du non-labour sur tout ou partie des terres concerne 42 % des exploitations et 29 % des terres labourables de la région. Le Finistère le pratique le moins, 30 % des exploitations, et l'Ille-et-Vilaine le plus avec 60 % des exploitations. Cette technique est destinée à protéger la structure du sol mais pose question en termes d'usage de produits phytosanitaires. En effet, 20 % des surfaces en non-labour sont traitées avec des herbicides totaux, contre seulement 5 % des parcelles labourées. Les surfaces non labourées reçoivent toutefois une dose moindre : 779 g/ha, contre 1.072 g/ha pour les terres labourées.

 

Le désherbage alternatif constitue une option au traitement exclusivement chimique. Il peut être mécanique, thermique ou mixte combinant à la fois chimique et mécanique. Un agriculteur sur cinq l'utilise au moins sur une partie de ses parcelles, soit 75.000 ha au total. Les exploitants pratiquant le labour recourent un peu plus au désherbage alternatif.

 

La réduction de l'usage des produits phytosanitaires constitue une priorité dans le cadre de l'animation régionale de certains bassins versants. Une information a été réalisée afin d'inciter les agriculteurs à intégrer le dispositif de mesures agroenvironnementales (MAE). En Bretagne, 15 % des exploitations sont engagées au moins partiellement (sur quelques parcelles) dans ce dispositif.

 

Du côté des équipements pour les traitements, si les exploitants se montrent plus soucieux de leur protection, des progrès restent à réaliser. Des efforts restent à faire visiblement sur l'information concernant les produits phytosanitaires : un tiers des exploitants déclarent ne pas savoir s'ils utilisent des produits classés CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques)...

 

_____

(1) Le « paquet pesticides » est composé de deux directives et de deux règlements entrés en application en 2011 : le règlement (CE) n° 1107/2009 sur la mise sur le marché, l'approbation et l'utilisation des produits phytopharmaceutiques ; la directive 2009/128/CE comme cadre d'action communautaire pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable.

 


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