Les ministres européens de l'Agriculture seront très probablement convoqués le 17 juin 2011 à Luxembourg pour une réunion extraordinaire, consacrée aux suites pour le secteur des fruits et légumes de l'épidémie causée par la bactérie mortelle Eceh (E. Coli entérohémorragique), a-t-on appris ce vendredi 3 juin 2011 de sources diplomatiques.
« La présidence hongroise de l'Union européenne a la ferme intention de convoquer une réunion extraordinaire aux alentours de cette date, pour peu que les ministres disposent d'ici là de matière à discuter », a confirmé Marton Hajdu, porte-parole de la représentation hongroise auprès de l'UE. Selon plusieurs sources diplomatiques, la date définitive devrait être fixée « d'ici à lundi ou mardi ».
La Commission européenne pourrait notamment soumettre aux ministres des propositions concrètes pour venir en aide au secteur. Mardi à l'issue d'une visite à Debrecen (Hongrie), le commissaire à l'Agriculture Dacian Ciolos avait promis d'étudier toutes les possibilités d'aide, tout en prévenant qu'elles étaient « limitées » du fait que le marché des fruits et légumes est en partie géré par les producteurs eux-mêmes, regroupés au sein d'organisations.
La bactérie mortelle, qui a déjà fait 18 morts, dont 17 en Allemagne, a coupé net l'appétit des consommateurs pour les crudités, mettant en difficulté les producteurs agricoles de toute l'Europe. Cette souche Eceh n'est pas nouvelle contrairement à ce qui a pu être affirmé dans un rapport allemand, mais elle est « très rare » et n'avait jamais provoqué d'épidémie jusqu'à présent, a estimé vendredi l'OMS (Organisation mondiale de la Santé). En revanche, l'OMS confirme la « supertoxicité » de cette souche, qui serait déjà à l'origine, selon elle, de plus de 1.500 cas liés à une contamination par Eceh en Allemagne au 2 juin 2011. La compilation des données publiées par les autorités allemandes font état de plus de 2.000 cas.
Douze pays dont les USA ont fait part de cas de leurs ressortissants ayant contracté cette souche d'Eceh, et tous sont passés par l'Allemagne a fait savoir l'OMS.
Les recherches de l'origine de la contamination s'annoncent ardues. Elles sont reparties à zéro après que la Commission européenne a levé mercredi la mise en garde qui pesait sur les légumes espagnols, notamment le concombre, désigné comme source de la contamination la semaine dernière par les autorités sanitaires de Hambourg, dans le nord de l'Allemagne, foyer de l'épidémie. Les scientifiques ont dans leur ligne de mire un large spectre d'aliments allant des crudités, consommées en grande quantité en cette saison, à la viande en passant par les fruits.
Mais les dommages sont d'ores et déjà considérables pour l'agriculture espagnole, qui a vu ses exportations s'effondrer. L'Espagne réclame des « dédommagements pour les préjudices provoqués » (de l'ordre de 200 millions d'euros par semaine pour l'ensemble de la filière) selon un premier bilan mardi. Elle songe à une plainte contre les autorités de Hambourg. Les Pays-Bas, l'Allemagne et le Portugal veulent aussi des aides à leur agriculture.
Observant un principe de précaution poussé à l'extrême, la Russie a annoncé jeudi un embargo total sur toutes les importations de légumes frais en provenance des pays de l'Union européenne. Bruxelles a jugé cette mesure « disproportionnée » et réclame des explications à Moscou. La Russie va vérifier le bien-fondé de son embargo sur les légumes de l'UE mais ne va pas « empoisonner » ses citoyens au nom des règles de l'OMC, a déclaré vendredi le Premier ministre Vladimir Poutine après la multiplication des critiques européennes. « Nous attendons que nos partenaires européens déterminent la source de cette saleté », a encore souligné M. Poutine.
« Descente aux enfers » pour les légumes primeurs en France (Légumes de France) En France, les producteurs de concombres ont perdu près de 1,5 million d'euros en moins d'une semaine, a indiqué mercredi Angélique Delahaye, présidente du syndicat Légumes de France. Ceux-ci remettront une première estimation de leurs pertes en fin de semaine, information que fera ensuite remonter le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, lors de la réunion extraordinaire avec ses homologues à Bruxelles, a-t-on indiqué au ministère. A. Delahaye a aussi évoqué « la descente aux enfers pour les prix des salades, des tomates et d'autres légumes » dont l'ampleur n'a pas encore été mesurée, a ajouté la responsable de Légumes de France. A l'issue d'une rencontre au ministère de l'Agriculture vendredi, la vice-présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a indiqué que Légumes de France, qui est une de ses branches spécialisées, avait demandé à la France, tout comme l'a fait l'Espagne, de saisir la Commission européenne pour obtenir un dédommagement. |
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samedi 04 juin 2011 - 11h28
Apparament, il y a de grosses lacunes dans les systèmes de traçabilité! Qui ne s'est pas lavé les mains ou ne fait pas le ménage dans ses entrepots et camions?