Des graines germées seraient bien à l'origine de l'épidémie de diarrhées mortelles qui a fait trente et un morts en Europe, a annoncé ce vendredi 10 juin 2011 le directeur de l'Institut fédéral de veille sanitaire allemand. L'alerte à la consommation des primeurs est levée en Allemagne.
« Ce sont les graines germées » qui sont en cause, a déclaré Reinhard Burger, directeur de l'institut Robert Koch (RKI), lors d'une conférence de presse à Berlin des trois instituts sanitaires fédéraux impliqués dans le dossier.
Selon les analyses, « les gens qui ont mangé ces graines ont neuf fois plus de chances d'avoir des diarrhées sanglantes et d'autres signes d'infection par la bactérie Eceh que ceux qui n'en ont pas mangées ».
Il y a eu des analyses « multiples », dans les champs et dans les produits d'une exploitation d'agriculture biologique du nord de l'Allemagne, Gärtnerhof à Bienenbüttel – soupçonnée depuis plusieurs jours – qui n'ont certes pu prouver la présence irréfutable de la bactérie, mais « la chaîne d'indices est tellement importante » qu'on peut identifier désormais l'origine de la contamination, selon les responsables des autorités sanitaires.
En revanche, des milliers d'analyses effectuées sur des tomates, des concombres et des salades se sont révélées négatives.
Du coup l'alerte contre ces aliments est levée dès ce vendredi, ont-ils annoncé. « Nos trois instituts sont d'accord (pour dire) qu'il n'y a plus de raison de maintenir ces recommandations » , a déclaré l'un des dirigeants des trois instituts (RKI, Office fédéral pour la protection des consommateurs et la sécurité alimentaire, Institut fédéral d'évaluation des risques).
Par ailleurs, il semble que « la source d'infection n'est plus active » et « les chiffres de nouveaux malades infectés baissent ». Seules des graines germées sont en cause, « il n'y a pas d'autre piste sérieuse », a assuré M. Burger.
L'alerte lancée le 25 mai 2011 contre les concombres, les tomates et les salades crus, en raison de l'extension de l'épidémie liée à la bactérie E. coli entérohémorragique (Eceh), a coûté des centaines de millions d'euros aux agriculteurs européens. Leurs marchandises ont été boudées, en tête celles venues de l'Espagne, puisque des légumes espagnols avaient été incriminés à tort par l'Allemagne au début de la crise.
Rien que pour les Espagnols, les pertes sont chiffrées à quelque 200 millions d'euros par semaine. L'Espagne, premier exportateur de fruits et légumes de l'Union européenne, écoule 25 % de sa production en Allemagne.
En Allemagne, le manque-à-gagner est évalué à 60 millions d'euros pour les agriculteurs du pays depuis le début de cette crise, selon la Fédération des agriculteurs allemands.
L'Union européenne a proposé une aide de 210 millions d'euros pour soulager les agriculteurs touchés.
Trente et une personnes sont mortes des suites d'une infection à cette souche de la bactérie Eceh. Au total, environ 3.000 personnes sont tombées malades dans quatorze pays en l'espace de cinq semaines.
Des dizaines d'entre elles avaient apparemment consommé des produits de l'exploitation de Bienenbüttel, a indiqué le ministre régional de l'Agriculture de la Basse-Saxe (nord) Gert Lindemann au magazine Focus à paraître le lundi 13 juin 2011. L'entreprise a pu utiliser des semences souillées ou bien un employé de l'exploitation a pu infecter les lieux en raison d'un « manque d'hygiène » , a-t-il ajouté.
La ministre fédérale de l'Agriculture, Ilse Aigner, a indiqué vendredi, lors d'une autre conférence de presse, que l'exploitation de Bienenbüttel était « complètement fermée » et « qu'aucun produit (de cette exploitation) n'est encore sur le marché ».