Dans certaines zones agricoles d'Australie, il n'a quasi pas plu depuis plus de deux ans. Des éleveurs du nord-est du pays sont durement frappés par la sécheresse, « principal défi » pour l'agriculture australienne.
Des fermes à perte de vue s'étendent sur des centaines, voire des milliers de km². L'Etat du Queensland, où est pratiqué un élevage extensif, est le premier producteur de bœuf et de veau en Australie, qui est elle-même le troisième exportateur mondial de viande bovine. Mais dans une partie du Queensland ainsi que dans le nord-ouest de la Nouvelle-Galles du Sud voisine, le bétail broute sur de la terre sèche des touffes d'herbe éparses jaunies par la chaleur et le manque d'eau.
Ces zones subissent « les pires conditions de sécheresse jamais enregistrées, avec des niveaux de pluie historiquement bas », déplorait au début de décembre le ministre de l'Agriculture australien, Barnaby Joyce. Certains éleveurs du Queensland ont passé trois ans sans revenu, raconte-t-il. Le ministre a dans la foulée annoncé le 4 décembre la création d'un fonds de 100 millions de dollars australiens (67,5 millions d'euros) pour aider les agriculteurs du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud dans le besoin. Il pourra octroyer des prêts sur dix ans, à un taux variable initial de 3,21 %. L'Etat du Queensland a lui aussi annoncé un soutien à hauteur de 98 millions de dollars (65,7 millions d'euros) d'ici à la mi-2015.
« La sécheresse est le principal défi pour l'agriculture australienne », explique à l'AFP Mick Keogh, directeur du centre de recherche Farm Institute. Une grave sécheresse, qui a duré de 2003 à 2009 dans une grande partie du pays, avait plombé la production agricole. L'agriculture australienne est « l'une des plus volatiles au monde » en termes de revenus, principalement à cause du climat, et surtout à cause de la sécheresse, précise-t-il.
Demande sans précédent à l'étranger
Celle qui frappe depuis deux ans le nord-est du pays intervient alors qu'il y a « une demande sans précédent de l'étranger pour les produits agricoles australiens », selon le ministre de l'Agriculture. Les États-Unis devraient être les premiers importateurs de bœuf en 2014-15, mais la demande asiatique (Chine, Indonésie, Japon, Corée, etc.) grandit. « Il est vital que, quand les pluies reviendront, nous puissions retourner à une pleine production le plus rapidement possible », selon le ministre de l'Agriculture. Les prêts de l'Etat devront notamment aider à reconstituer les stocks de bétail.
En attendant la pluie, peu de possibilités s'offrent aux éleveurs. Certains vendent leur bétail qu'ils n'ont plus les moyens de nourrir et mettent leur activité en sommeil. « Le nombre d'abattages est très élevé en ce moment », explique Mick Keogh. Or, quand ces agriculteurs voudront racheter du bétail, une fois que la météo sera meilleure, les prix monteront rapidement, dopés par la demande.
Quelques éleveurs ont déplacé leur troupeau, à quelques centaines de kilomètres, en quête de zones plus vertes. D'autres achètent des grains ou du foin pour nourrir le bétail, même si cela leur coûte cher.
De nombreux agriculteurs se sont endettés auprès des banques. Sur les milliers d'éleveurs qui subissent la sécheresse, Mick Keogh estime que « quelques centaines » auront du mal à rembourser leurs prêts. « Certains ne survivront pas à cette sécheresse et seront obligés de vendre leur ferme. Mais quelqu'un d'autre achètera, changera le mode de production », explique Mick Keogh. « Pour beaucoup, c'est dur : car leur ferme, ce n'est pas seulement leur emploi, mais aussi la maison où ils ont grandi, le lieu où leurs parents sont nés. [...] Pour d'autres, cela peut finalement être un soulagement ».