L'Australie et la Chine ont conclu lundi un accord de libre-échange après neuf ans de négociations, qui pourrait offrir à Canberra de nouveaux marchés pesant des milliards de dollars et lui permettre d'affronter la fin de l'âge d'or minier.
En vertu de cet accord, 95 % des exportations australiennes en Chine seront à terme libres de droits, a déclaré le Premier ministre australien Tony Abbott. Cet accord « apportera des milliards à l'économie, va créer des emplois et améliorer le niveau de vie », a-t-il dit, saluant « l'accord le plus vaste que la Chine ait jamais conclu avec quiconque ».
« Il ouvre les portes de l'Australie et les portes de la Chine », a-t-il encore souligné. « Les entreprises australiennes auront un accès sans précédent à la deuxième économique mondiale ».
De son côté, le président chinois Xi Jinping a salué un nouveau « partenariat stratégique global ». « Nous aurons des marchés plus vastes » et « des conditions plus favorables », a-t-il dit.
L'âge d'or minier est passé pour l'Australie qui est désormais à la recherche de relais de croissance.
Droits de douane abolis pour l'industrie laitière australienne
La Chine est premier partenaire commercial de l'Australie, avec des échanges entre les deux pays dépassant les 150 milliards de dollars australiens (104 milliards d'euros).
Cet accord « améliore grandement notre position dans des secteurs clés comme l'agriculture, l'énergie et les ressources naturelles, les exportations de produits manufacturiers, les services et les investissements », a ajouté Tony Abbott.
Les droits de douane seront en particulier abolis pour l'industrie laitière australienne, certains produits énergétiques et certaines ressources naturelles, de même que pour les produits de l'horticulture. Les éleveurs australiens de bovins et de moutons bénéficieront d'une baisse des droits.
« Si nous pouvons pallier les conséquences » du retournement de situation du secteur minier « en exportant nos produits laitiers, notre bœuf, nos vins, nos produits horticoles et notre poisson, alors, c'est un bon résultat », a commenté le ministre de l'Agriculture Barnaby Joyce.
En Australie, les investisseurs privés chinois pourront injecter jusqu'à un milliard de dollars australiens sans feu vert préalable du conseil de surveillance des investissements étrangers, sauf dans les domaines de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Les négociations avaient commencé en 2005 mais s'étaient heurtées notamment aux exigences de Pékin qui voulait obtenir l'abolition des limitations imposées aux investissements émanant d'entreprises publiques. Des pourparlers de dernière minute ont permis de débloquer la situation et d'annoncer un accord pendant une visite d'Etat du président chinois, qui avait participé pendant le weekend au sommet du G20 à Brisbane.
Les analystes étaient mitigés sur la portée de l'accord, qui doit encore être passé en revue par le Parlement australien pour entrer en application. Certains soulignaient que les bénéfices de telles ententes étaient difficiles à évaluer. D'autres, comme Paul Bloxham, de la banque HSBC, estimaient qu'il s'agissait d'un pas important pour le « rééquilibrage » de l'économie, du « boom minier » vers le « boom alimentaire ».