Dans la perspective de la fin des quotas laitiers, les AOP-IGP laitières réfléchissent à la régulation de l'offre en fromages, afin de ne pas perturber le fragile équilibre de leur marché.
L'UE a finalement accepté de prendre en compte les spécificités des AOP, en permettant une dérogation « aux sacro-saintes règles de la libre concurrence » inscrite dans le paquet lait, s'est félicité Patrice Chassard, le président du Conseil national des appellations d'origine laitière (Cnaol), lors de l'assemblée générale le 21 septembre 2012 à Troyes. « C'est une grande victoire ».
Les filières AOP peuvent désormais élaborer des plans de maîtrise des volumes de leurs fabrications fromagères, sous certaines conditions. Elles peuvent se structurer en interprofessions ou en ODG (organismes de défense et de gestion), ce dernier ayant la préférence du ministère car il inclue les transformateurs et les affineurs. Le beaufort et le comté seront les premières appellations à présenter leurs plans à Bruxelles. Les différentes filières sont suspendues aux conclusions de la Commission.
En revanche, le texte européen ne crée pas de lien formel avec les volumes de lait livrés par les producteurs sous AOP, tout le lait produit n'étant pas forcément valorisé en AOP. Cependant, le paquet lait autorise désormais les éleveurs à se regrouper sans tomber dans l'entente illégale. Pour réguler leur collecte, les livreurs de lait destiné à la fabrication d'AOP doivent donc s'organiser en organisations de producteurs (OP) pour ajuster les volumes aux tonnages de fromages.
Mais attention, Bruxelles veille : la chef de secteur pour le lait à la DG Agri, Brigitte Misonne, l'a rappelé : « Une association de producteurs peut élaborer une gestion de l'offre en fromages, mais elle ne peut donner aucun élément de prix, y compris une recommandation. » Par ailleurs, si un producteur peut être membre de deux OP (ou de coopératives), il ne peut être membre de deux OP qui négocient toutes deux le prix du lait.