La famille de Thierry Morfoisse, un chauffeur de 48 ans mort en juillet 2009 après avoir déchargé des algues vertes à Binic (Côtes-d'Armor), va demander une nouvelle contre-expertise après qu'un rapport a exclu un « lien certain » entre les algues et le décès, a indiqué le 30 octobre son comité de soutien.
Dans ce rapport, les trois experts désignés par la juge d'instruction du pôle de santé du parquet de Paris affirment qu'ils ne peuvent « établir un lien certain entre la respiration d'hydrogène sulfuré (dégagé par les algues en décomposition – ndlr) dans les moments précédant la mort et celle-ci ». Les mêmes experts avaient déjà abouti aux mêmes conclusions dans un précédent rapport. La famille dispose de huit jours pour demander une contre-expertise ou un complément d'expertise, faute de quoi la procédure, ouverte dans le cadre d'une plainte contre X pour homicide involontaire par imprudence, pourrait déboucher sur un non-lieu.
Pour André Ollivro, président d'une association écologiste et représentant du comité de soutien à la famille Morfoisse, ce rapport va totalement à l'encontre de la décision en juillet de la cour d'appel de Nantes, établissant la responsabilité des algues vertes dans la mort d'un cheval sur la plage de Saint-Michel-en-Grève (Côtes-d'Armor). La cour avait estimé que la mort de l'animal « devait être regardée comme ayant eu pour cause déterminante une intoxication par inhalation d'un gaz toxique (hydrogène sulfuré, H2S) dégagé par des algues vertes en décomposition ». Elle avait aussi reconnu la responsabilité de l'Etat sur les conséquences sanitaires de la prolifération de ces algues, du fait de ses « carences » à lutter efficacement « contre les pollutions d'origine agricole qui (en) sont la cause principale ».
Dans le cas de Thierry Morfoisse, qui, dans le cadre de son travail de chauffeur dans une entreprise de BTP, était amené régulièrement à convoyer des algues vertes, le lien de causalité avec son décès n'a, jusqu'à présent, pas été reconnu. « On voit bien qu'aujourd'hui, la justice est frileuse, a déclaré M. Ollivro, indiquant qu'outre une contre-expertise, la famille allait demander « la reconstitution en laboratoire des effets de la décomposition d'algues vertes en matière d'altération du vivant ». « On se battra car cela suffit qu'on continue dans le déni de la destruction de nos plages et de ceux qui ramassent les algues vertes », a-t-il assuré.