L'UE doit consacrer au moins 3,5 milliards d'euros sur la période 2014-2020 à l'aide aux plus démunis, et la contribution des Etats à ce fonds doit être obligatoire, ont réclamé ce mercredi 12 juin 2013 les eurodéputés dans un vote allant à l'encontre du souhait des Etats de l'Union européenne.
La position du Parlement européen, approuvée à une très large majorité lors d'un vote en séance plénière à Strasbourg, devra à présent être confrontée à celle du Conseil (représentant les Etats membres) dans le cadre des difficiles négociations en cours sur le budget pour 2014-2020 de l'Union.
Les Etats ne sont prêts à débourser que 2,5 milliards d'euros pour l'aide aux plus démunis. L'enjeu est de venir en aide aux plus de 40 millions de personnes en Europe « qui souffrent de privations, c'est-à-dire qu'elles ne peuvent pas faire un repas basique par jour », a souligné la rapporteur du texte au Parlement, la travailliste irlandaise Elmer Costello. « Près de six millions d'enfants ne disposent pas de deux paires de chaussures, et plus de quatre millions de personnes sont sans abri », a-t-elle encore énuméré.
Le futur « Fonds européen d'aide aux plus démunis » (FEAD) doit prendre le relais en 2014 du programme actuel d'aide alimentaire, doté de 3,5 milliards, et qui utilisait les excédents agricoles de l'Union.
Dans leur accord budgétaire global conclu en février – mais retoqué ensuite par le Parlement –, les Etats membres avaient prévu de dégager 2,5 milliards sur sept ans pour le nouveau fonds, qui devrait inclure une aide matérielle allant au-delà de l'alimentaire.
Ce montant est insuffisant, ont protesté les eurodéputés. « Quand le budget européen est globalement revu à la baisse de 3 %, on ne peut pas imaginer que l'aide aux plus démunis diminue de 40 %. C'est inacceptable », a ainsi martelé le socialiste belge Marc Tarabella.
Réduire le fonds d'un milliard d'euros revient « à retirer à manger à ceux qui ont faim », a renchéri l'élu français d'extrême gauche Younous Omarjee. « Il s'en est fallu de peu pour qu'un prix Nobel de la honte soit décerné à l'Union européenne quand l'aide alimentaire s'est trouvée menacée dans son existence même », a-t-il ajouté.
Les parlementaires se sont par ailleurs opposés, à une courte majorité, à la possibilité, réclamée par certains gouvernements, de laisser les Etats libres de contribuer ou non à ce fonds. La Commission européenne s'est rangée à cet avis : si les contributions étaient volontaires, il « serait presque certainement impossible d'atteindre le budget prévu », a relevé le commissaire chargé des Affaires sociales, Laszlo Andor. « Cela constituerait un pas en arrière pour la solidarité en Europe, et ce serait très difficile à expliquer à nos citoyens. »