vendredi 30 juillet 2010 - 11h00
La Picardie expérimente un « bus santé » itinérant dans des zones peu médicalisées. Objectif : prévention et réinsertion dans les circuits de soins.
Une première pour ce petit village de 240 âmes, situé en Thiérache, dans le nord de l'Aisne. Jeudi après-midi, le « bus santé » flambant neuf rentre dans la cour de l'école de Rougeries. Au volant, Annick Pépin, infirmière retraitée, volontaire pour la mission.
« Nous avons prévenu chaque foyer de l'arrivée du bus et de son fonctionnement, explique le maire et conseiller général Michel Lefèvre. L'accès aux soins devient un souci dans nos campagnes. »
Le bus santé a pour mission de prévenir, dépister et repérer les maladies. Une attention particulière est accordée aux problèmes cardio-vasculaires, au diabète de type 2, à la vaccination, aux addictions ou assétudes (1) et aux cancers.
La Picardie est la région française la moins dotée en médecins généralistes et spécialistes. De plus, les Picards ont un recours aux soins tardif. Les conséquences de cette situation sont une surmortalité prématurée et un fort pourcentage de décès attribués aux maladies cardio-vasculaires, aux cancers et au diabète.
Face à ce tableau sanitaire alarmant, la Mutualité française de la Picardie a souhaité expérimenter un « cabinet médical mobile mutualiste » dans trois zones d'intervention à faible densité médicale.
Ce bus santé, né d'une idée du professeur Guy Vallancien, de l'hôpital Montsouris de Paris, comporte une salle de consultation et une salle d'examen. Il intervient dans chaque commune en trois temps.
Un premier après-midi est consacrée au test de repérage des maladies cardio-vasculaires, avec des mesures d'indicateurs de risque (taux de sucre, de cholestérol, tension artérielle, indice de masse corporelle et périmètre abdominal).
L'infirmière sensibilise aussi les patients sur les dépistages organisés des cancers : du sein, du colon et du col de l'utérus. Elle propose aux personnes à risque de revenir le lendemain matin pour une prise de sang.
Une assistante sociale du conseil général est présente le deuxième jour pour régler certains problèmes administratifs.
Dix jours plus tard, le bus revient avec à son bord un médecin pour restituer aux intéressés le résultat des analyses sanguines.
Lucienne, retraitée, apprécie ce bilan : « C'est l'occasion de faire le point sur sa santé. Mon médecin se trouve à 12 km. Je n'y vais que lorsque je suis malade et il faut toujours que je me trouve un chauffeur. »
Le médecin du bus lui a fixé un rendez-vous chez un diabétologue et prévenu son médecin traitant. « Nous avons noué de nombreux partenariats », ajoute Virginie Demarest, coordinatrice pour la Mutualité française de la Picardie.
L'investissement du bus santé aménagé (150.000 €) et le coût de fonctionnement (130.000 à 150.000 € par an) sont pris en charge par l'Agence régionale d'hospitalisation (58.000 €), le conseil régional (60.000 €), l'Assurance maladie (13.000 €), les mutuelles diverses (40.000 €), la Mutualité française (80.000 €) et la Mutualité française de la Picardie (50.000 €).
« Nous jugeons très encourageants les premiers résultats. Depuis le début de l'action en septembre, le bus a visité 29 communes. Sur une population représentant 6.929 habitants, 300 personnes sont venues et 154 dossiers médicaux ont été ouverts. »
L'expérimentation est prévue pour trois ans, mais déjà de nombreuses demandes sur le dispositif affluent.
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(1) Dépendances à l'alcool, au tabac ou aux drogues.
par Marie-Pierre Canlo
(publié le 30 juillet 2010)
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