vendredi 01 juin 2012 - 12h59
Jeanne et Francis Touchais avaient 25 ans en 1960. Ils ont vécu le formidable essor de l'agriculture bretonne.
Après une vie professionnelle très riche, Jeanne et Francis vivent une retraite paisible mais bien occupée entre chorale, paroisse et occupations municipales pour Francis en tant que maire. Ils jettent un œil attendri sur les souvenirs de leur jeunesse, période charnière pour l'agriculture bretonne.
Mariés en 1959, ils s'installent sur une ferme de 32 hectares appartenant au père de Jeanne à Chaumeré (Ille-et-Vilaine). « Notre grande chance a été le remembrement sur la commune en 1961, reconnaît Francis. Nous avons pu réorganiser le parcellaire, créer des chemins. »
C'est le début de la mécanisation. Ils montent une stabulation et une salle de traite, achètent un tracteur. Des investissements permis grâce aux prêts bancaires et aux parents qui se portent caution.
Nourris par la JAC
Francis, qui a étudié au lycée agricole de Dol-de-Bretagne, achète aux Pays-Bas une dizaine de vaches frisonne pie noir, plus performantes que les normandes, et donne une orientation laitière à l'exploitation.
« L'implantation de l'usine Citroën à Rennes en 1961, en vidant la campagne de sa main-d'œuvre, a déclenché tout ce progrès », constate-t-il. « Il y avait du travail sur l'exploitation et à la maison avec la naissance entre 1960 et 1969 de nos quatre garçons : Jean-François, Antoine, Marc et Bernard », ajoute Jeanne de son air rieur.
Leur vie a aussi été très riche sur le plan humain. Coopérative pour le ramassage du lait, centre de gestion, contrôle laitier... Les organismes ont commencé à se structurer. Ils adhèrent au CETA dont le père de Francis est l'un des fondateurs et constituent un Gaec en 1967.
Progrès technique et confrontation d'idées leur ont permis d'avancer, eux qui ont été nourris par la JAC durant leur jeunesse.
Francis participe à création de la Coopédom, une coopérative de déshydratation de fourrages, à Domagné, qui permet de gagner en autonomie alimentaire. Il la présidera dix ans.
« Notre force à l'époque était que tous les agriculteurs allaient dans le même sens, contrairement à aujourd'hui », regrette-t-il. Et à ceux qui remettent en cause tout ce productivisme, les époux rétorquent : « La Bretagne ne serait pas la grande région agricole d'aujourd'hui. Nous n'avons pas à rougir de ce que nous avons fait. »
Leur plus grande fierté : leurs quatre fils qui sont tous agriculteurs.
Recueil de témoignages
« Pour réaliser l'exposition Le grand espoir (1), nous avons rencontré d'anciens agriculteurs comme Jeanne et Francis qui nous ont raconté leur expérience, montré leurs photos, prêté des objets », indique Alison Clarke, conservatrice de l'Ecomusée du pays de Rennes.
La rétrospective montre la révolution agricole des années 1960 dans la campagne bretonne. Près de 15.000 personnes l'ont déjà vue. Un livre vendu sur place (5 €) regroupe des témoignages d'exploitants de l'époque.
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(1) Jusqu'au 26 août, ferme de la Bintinais, à Rennes. Tél.: 02.99.51.38.15. Site : www.ecomusee-rennes-metropole.fr
Isabelle Lejas
(publié le 1er juin 2012)
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