Publié le mercredi 24 mars 2010 - 13h05
Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a assuré, qu'il était prêt à « une crise en Europe » pour défendre la Pac, lors de sa première déclaration après la défaite de la droite aux régionales, mercredi, à l'issue du conseil des ministres.
« Je le dis clairement, je suis prêt à aller à une crise en Europe plutôt que d'accepter le démantèlement de la politique agricole commune et de laisser la spéculation fixer de façon erratique des prix agricoles qui ne permettraient pas à nos agriculteurs de vivre décemment du fruit de leur travail », a déclaré le chef de l'Etat devant la presse.
« Enfin ! a réagi Jean-Michel Lemétayer. Le président entend enfin la crise agricole. Il entend enfin la détresse du monde paysan qui s'est fortement mobilisé à l'automne contre cette politique ultralibérale qui ne fait que broyer les agriculteurs. »
Saluant cette « détermination », le président de la FNSEA a estimé que Nicolas Sarkozy avait désormais « l'occasion de la confirmer en actes lors des prochains rendez-vous européens qui vont avoir lieu d'ici à la fin de son mandat ».
« Le chef de l'Etat doit prendre toutes ses responsabilités » lors des négociations sur la réforme de la Pac de 2013 qui doivent commencer cette année, a ajouté Jean-Michel Lemétayer.
« Le président de la République a pris la dimension de la crise dans laquelle l'agriculture se trouve » et il « est en train de dire “stop” au libéralisme débridé », a de son côté déclaré Guy Vasseur, président des chambres d'agriculture (APCA).
Selon lui, Nicolas Sarkozy prône ainsi « un retour à des dispositifs qui permettent la sécurité en ce qui concerne les revenus des agriculteurs et à des dispositifs destinés à conserver une agriculture assurant la sécurité alimentaire ».
Pour la Confédération paysanne, « les paysans attendent que le gouvernement réaffirme qu’aucune solution durable pour eux n’est possible sans une maîtrise des volumes produits », selon un communiqué publié mercredi.
« Le préalable à une solution durable est de sortir l’agriculture de l’OMC », estime-t-elle. Elle déplore que le gouvernement « accompagne encore le libéralisme par la mise en place de mauvais outils que sont la contractualisation, les assurances privées, les interprofessions dans la prochaine LMA » (loi de modernisation agricole). « Il est temps d’agir dans le sens des paroles ou alors, il faut …arrêter de parler », conclut-elle.
Le président de la Coordination rurale, François Lucas, se « félicite de la position très claire » du chef de l'Etat. « Nous pensons que c'est à la France d'occuper le vide politique en matière de vision d'une agriculture européenne, qui n'a cessé de se transformer en 27 visions d'une politique agricole nationale», a-t-il ajouté.
« Je ne laisserai pas mourir notre agriculture alors que la question de l'autosuffisance et de la sécurité alimentaire est devenue cruciale et que tant de femmes, d'hommes et d'enfants meurent de faim dans le monde », a assuré le président de la République.
« Nous ne pouvons plus attendre de résoudre la crise sans précédent à laquelle est confrontée notre agriculture et qui suscite une telle angoisse dans nos campagnes », a-t-il insisté.
« L'agriculture vit une crise historique et est totalement menacée. Il est assez choquant quand même que la réunion de chefs d'Etat et de gouvernement à Bruxelles n'ait pas mentionné à son ordre du jour l'agriculture européenne », a quant à lui déclaré le ministre de la Relance, Patrick Devedjian, mercredi, lors de l'émission Questions d'info sur LCP, en partenariat avec France Info et l'AFP.
Il faisait référence au sommet de l'UE de juin destiné notamment à mettre sur les rails un gouvernement économique de l'UE pour mieux coordonner les politiques des pays membres.
« Ce qui a fait le plus de mal à l'Europe, c'est d'avoir trop souvent acquiescé à la bureaucratie technocratique sans avoir fait entrer les paramètres politiques dans la prise de décision », a affirmé Patrick Devedjian.
Pressé de dire quel moyen le président Sarkozy pourrait utiliser, il a répondu : « La France peut faire tout ce que le général de Gaulle avait fait. »
« La chaise vide ? C'est une possibilité », a dit le ministre, ajoutant que le chef de l'Etat « pourrait ne pas assister à certaines réunions, par exemple à cette réunion de Bruxelles, où l'agriculture ne semble pas inscrite à l'agenda ».
Il a précisé que Nicolas Sarkozy évoquerait cette question avec le président de l'UE, le belge Herman Van Rompuy, qu'il doit recevoir ce mercredi.
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