« Les recommandations d’un voisin équipé depuis longtemps et la possibilité d’accéder à la déchiqueteuse de la Cuma Cepvil m’ont conforté dans le choix d’une chaudière à plaquettes de bois », témoigne Mickaël Cousin, éleveur laitier à Peuton, dans la Mayenne.
L’an dernier, il a étudié plusieurs possibilités pour remplacer sa chaudière à fioul. La présence de près de 2 kilomètres de haies bocagères sur l’exploitation et le prix du fioul à l’époque l’ont poussé à choisir une chaudière à bois, malgré le surcoût à l’investissement. Cet hiver, Mickaël a chauffé sa maison de 170 m² avec la taille de 200 mètres de haies.
Quatre jours de travail par an
L’achat de la chaudière Fröling et son installation ont coûté 28.000 €. « Nous avons bénéficié d’un crédit d’impôts d’environ 7.000 €, ainsi que d’une aide de l’Ademe (1) de 2.000 € », précise l’exploitant.
La FDCuma de la Mayenne avait lancé un appel d’offres pour un achat groupé de chaudières afin d’obtenir des prix intéressants et a ensuite aidé ses adhérents à monter leur dossier.
Mickaël évalue à 10.000 € le surcoût par rapport à une chaudière à fioul, une somme qu’il aura amortie d’ici à sept ans, et estime qu’il gagne 1.500 € par an en utilisant du bois plutôt que du fioul. « C’est agréable de pouvoir se chauffer sans avoir à penser au prix du fioul et de se dire qu’on est autosuffisant », affirme l’agriculteur.
Equivalences • 1 m de haie de quinze ans = 0,25 m3 de bois déchiqueté • 1 m3 de bois déchiqueté = 70 l de fioul • 1 stère = 2 m3 de bois déchiqueté |
La déchiqueteuse de la Cuma se paye à la minute d’utilisation (3,70 €/min), plus un forfait de 40 € pour le déplacement. « Cette année, il m’a fallu 80 minutes pour faire 50 m3 de plaquettes, ce qui revient à environ 340 € pour me chauffer pendant un hiver », précise Mickaël.
L’an prochain, il espère mettre un peu moins de temps en s’organisant mieux : « Les branches doivent être bien rangées pour que l’on puisse les attraper facilement avec la pince et charger la machine plus rapidement. »
Stockage facile
Une fois le bois déchiqueté en plaquettes, il faut le faire sécher pendant cinq à six mois avant de l’utiliser. « Je stocke les plaquettes sous un hangar, dans un silo improvisé, indique Mickaël. Elles doivent rester à l’abri de la pluie, dans un endroit aéré pour que le bois vert sèche bien. Mais il existe d’autres possibilités. Un de mes voisins conserve ses plaquettes en silo à l’extérieur, sous une bâche en feutre. »
Contrairement à une chaudière à bûches, la chaudière à bois déchiqueté n’a pas besoin d’être rechargée tous les jours, l’approvisionnement en plaquettes s’effectuant automatiquement, en continu.
Les plaquettes sont stockées dans un silo carré de 3,5 m de côté et 2 m de hauteur, attenant à la chaudière. Un plan incliné équipé de pales souples qui tournent permet d’alimenter la vis reliée au foyer.
« Je recharge ce silo deux fois par hiver au godet avec les plaquettes qui ont séché, commente Mickaël. Cela me prend une demi-journée à chaque fois, car le silo de stockage se trouve sur un autre site d’exploitation. Je compte aménager un nouvel espace pour conserver le bois vert près de la maison et faciliter ainsi le rechargement du silo d’alimentation de la chaudière. »
De nouvelles haies
Mickaël Cousin est très satisfait de son investissement. « Cela me pousse à mieux m’occuper des haies, dont l’entretien avait parfois été délaissé depuis vingt ans, confie-t-il. J’ai 900 m qui sont en mauvais état et qu’il va falloir regarnir. Je compte également replanter 1 km de haies pour assurer l’alimentation de la chaudière. »
Avec 3 km de haies, l’exploitant pourra faire un roulement sur quinze ans et tailler chaque année 200 m pour le bois de chauffage.
Pour la plantation, le conseil général a défini une liste d’essences à respecter. Mickaël replantera donc des chênes, des merisiers, des châtaigniers, des érables champêtres et des noisetiers, ainsi que des arbustes comme le cornouiller sanguin, le houx et le fusain d’Europe, pour avoir une strate plus basse dans ses haies.
Et si, malgré ces plantations, il venait à manquer de bois, l’agriculteur pourrait toujours acheter des plaquettes ailleurs, ou encore des granulés de bois, ou même du miscanthus, sa chaudière acceptant ces différents combustibles.
Du côté de la réglementation, Mickaël n’aura pas de problèmes avec les normes des bonnes conditions agricoles et environnementales « maintien des particularités topographiques ». Avec 1,7 km de haies, il obtient 17 ha de surface équivalente topographique (1 m de haie = 1 are de SET), ce qui représente bien plus de 5 % de ses 60 ha de SAU.
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(1) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.
Se diversifier avec l’agroforesterie Associer des arbres à une production agricole (culture ou prairie) sur une même parcelle peut être une autre solution pour maintenir la biodiversité sur l’exploitation tout en diversifiant ses revenus. Cette technique offre des avantages agronomiques et environnementaux, de par l’interaction entre arbres et cultures, mais aussi économiques. Tout comme les haies, le bois de taille peut être utilisé pour le chauffage. Mais c’est quand l’arbre est vendu pour le bois d’œuvre, au bout de vingt-cinq à cinquante ans, que l’intérêt économique majeur de l’agroforesterie se révèle. Une parcelle en agroforesterie peut obtenir à terme une rentabilité supérieure de 15 à 20 % par rapport à une culture pure (1). Autre avantage non négligeable : les alignements d’arbres sont pris en compte dans la surface équivalente topographique, à raison de 10 m² de SET pour 1 mètre linéaire d’arbres. _____ (1) Voir La France agricole n° 3329 du 2 avril 2010, page 48 ou consulter le logiciel de feuilletage. |
Du changement du côté des BCAE? Les normes des bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE) ont changé avec le bilan de santé de la Pac. La norme sur les prélèvements d’eau pour l’irrigation (compteurs obligatoires) s’étend maintenant à toutes les cultures irriguées. De nouvelles exigences sont apparues pour la gestion des surfaces en herbe avec l’introduction d’une condition de productivité minimale et une obligation de maintien des surfaces herbagères. Une nouvelle norme a aussi été créée : le « maintien des particularités topographiques », qui vise à favoriser la biodiversité en conservant ou créant des éléments du paysage comme les haies, les mares, les jachères, les bandes enherbées, les bosquets ou encore les alignements d’arbres. La réglementation impose de consacrer une partie de sa surface agricole utile (SAU) en surface équivalente topographique (SET) : 1 % en 2010, 3 % en 2011 et 5 % en 2012. A chaque type d’élément topographique correspond une SET bien précise (1). Quant aux bandes tampons, elles ne sont plus limitées à 3 % de la SAU et il n’y a plus de dérogation pour les petits producteurs ou les exploitations de cultures industrielles. Elles sont désormais obligatoires le long de tous les cours d’eau BCAE et doivent couvrir une largeur de 5 m à partir du bord du cours d’eau. Elles peuvent être pâturées, broyées ou fauchées, à condition de respecter la réglementation en vigueur dans le département. _____ Voir http://www.lafranceagricole.fr/archives/3303/FRA3303-00075.jpg |
par Sébastien Chopin, Bérangère Lafeuille, Corinne Le Gall, Nicolas Levillain, Florence Mélix, Vincent Thècle et Cécile Vinson (publié le 7 mai 2010)
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