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Article 23 :

Frédéric Jolly : « Gérer des volumes en baisse »

Pour utiliser au mieux son quota estival de 51.000 m3, destiné surtout à sa production de semences, Frédéric Jolly, agriculteur à Pouillé, en Vendée, pilote son irrigation avec des sondes tensiométriques.

Trois sondes à 30 cm de profondeur et trois autres à 60 cm permettent à Frédéric Jolly de déclencher l’irrigation de son blé pour mieux valoriser les apports d’azote et aider à son développement. Photo: GFA

« La viabilité économique de mon exploitation de 119 ha, spécialisée dans la production de semences, dépend de l’irrigation, estime Frédéric Jolly, agriculteur à Pouillé, en Vendée. L’assurance d’un volume minimal d’eau sécurise mon revenu. »

Les productions de semences de blé tendre, de colza, de pois, de tournesol et de maïs sont les plus gourmandes en eau, mais Frédéric irrigue aussi, s’il le peut, le blé tendre, le blé dur, le lin et le maïs grain.

« Cinq forages de 80 mètres de profondeur, sur la nappe du Liasse inférieur, permettent à notre Cuma d’irriguer. Elle regroupe quatre exploitations qui peuvent irriguer environ 200 ha par an avec quatre enrouleurs », précise Frédéric.

Environ 13 km de canalisations enterrées permettent à 450 ha d’être irrigables sur les quatre sites. L’eau revient ainsi à 0,15 €/m3, tout inclus.

« Du 1er avril au 1er juin, il n’y a pas de quotas mais le volume pourrait prochainement être limité à 3.200.000 m3 par an sur le bassin versant de la Vendée, explique l’agriculteur. En revanche, pendant l’été, du 1er juin au 15 septembre, mon volume d’eau est limité à 51 000 m3 par an. Je dois réaliser un plan de répartition de ce volume par quinzaine et l’envoyer à la DDTM (1) avec le relevé des compteurs. La difficulté est de gérer à la quinzaine et d’anticiper le manque de pluie, estime Frédéric. Même si, depuis 2009, le report du volume d’une quinzaine est possible sur la suivante. »

Une situation d’autant plus difficile à gérer que le niveau de la nappe est suivi en continu par des piézomètres. Si le seuil d’alerte est atteint, des réductions de 10, 20, 50 % des volumes, et même un arrêt total, si le niveau de l’eau devient critique, sont possibles.

« Jusqu’en 2008, nous avions 15.000.000 m3 à nous partager sur le bassin versant de la Vendée, mais une réduction de 29 % a été appliquée à la suite d’un arrêté préfectoral, souligne l’irrigant. Pour cette campagne, des réductions de volume, de 20 % pour le quota de printemps et de 10 % pour le quota d’été, seraient dans les cartons... alors que mon volume était déjà très juste ! »

Pour pallier ces baisses, la construction de réserves est à l’étude. « Nous allons augmenter le coût de production juste pour conserver notre outil de travail et pouvoir le transmettre, dans un contexte de prix à la baisse, s’inquiète l’agriculteur. Et nous sommes encore dans le flou pour la réalisation de ces projets. Ils ne verront peut-être jamais le jour ! »

 

Démarrage déclenché

Alors, pour gérer l’eau au mieux, Frédéric a investi dès 2001 dans Irrinov, un outil d’aide à la décision pour piloter l’irrigation. « Depuis la limitation de mon quota, j’utilise Irrinov pour déclencher le démarrage et l’arrêt de l’irrigation sur maïs et pois. Pour les blés, je m’en sers uniquement pour le démarrage. Les stades étant plus visibles, l’arrêt est plus facile à programmer. »

Seize sondes tensiométriques sont donc réparties sur les parcelles de Frédéric pour mesurer les besoins. « Avant la limitation du quota, je réajustais mon irrigation selon les pluies et j’acceptais un dessèchement du sol. Maintenant, avec la peur de manquer d’eau par la suite, il est plus difficile de réaliser des économies et c’est dommage », regrette l’agriculteur.

Malgré les 750 mm de pluviométrie par an, Frédéric craint toujours le coup de chaud de juin, qui « peut faire perdre de 15 à 20 q/ha en blé tendre » s’il n’irrigue pas. Si les volumes d’eau doivent diminuer fortement, « c’est simple, estime l’agriculteur, soit j’arrête la production de maïs semence pour augmenter ma sole de conso, soit je baisse ma sole de maïs semences et j’arrête le conso, car la production de semences rapporte davantage de valeur ajoutée à l’hectare ».

_____

(1) Direction des territoires et de la mer.

 

 

Organisme unique

La chambre d’agriculture de la Vendée s’est portée candidate, il y a deux ans, afin d’être désignée organisme unique (OU) sur la zone de répartition des eaux du département, qui concerne les trois bassins versants (Autise, Vendée et Lay).

Depuis, concernant le Marais poitevin, l’Etat étudie la création d’un établissement public à caractère administratif.

La gestion de l’eau, relevant de l’OU, pourrait alors être déléguée aux instances compétentes et notamment à la chambre de la Vendée.

 

 

L’irrigation pilotée avec Irrinov

La méthode Irrinov a été développée par Arvalis et les chambres d’agriculture dans un contexte d’eau non limitante. Mais elle peut s’adapter aux cas de volume limité, comme chez Frédéric Jolly. Irrinov offre trois règles de décision pour le démarrage de l’irrigation, le retour après une pluie et l’arrêt. Ce pilotage se fait selon le stade cultural, le type de sol, la réserve utile, la pluie et le nombre de tours d’eau.

 

 

par Sébastien Chopin, Bérangère Lafeuille, Corinne Le Gall, Nicolas Levillain, Florence Mélix, Vincent Thècle et Cécile Vinson

(publié le 7 mai 2010)

 

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