Les éleveurs fournissant le groupe volailler Doux, en redressement judiciaire, seront payés comptant pour leurs livraisons futures, de façon à ce que l'activité du groupe puisse se poursuivre au moins à court terme, a-t-on appris lundi de source officielle, à l'issue d'une réunion à Rennes.
« Les paiements de tous les fournisseurs seront assurés à partir d'aujourd'hui par l'administrateur judiciaire », a déclaré à la presse Michel Morin, vice-président de la région Bretagne en charge de l'agriculture.
« C'est une garantie qui n'est pas négligeable parce qu'elle permet de poursuivre l'activité », a ajouté ce porte-parole à l'issue d'une réunion qui a rassemblé, lundi, une cinquantaine d'acteurs du dossier.
Ces paiements ne concerneront cependant pas, à ce stade, les arriérés dus aux quelque 800 éleveurs français sous contrat avec le leader européen de la volaille. Ceux-ci subissent des retards de 60 à 80 jours en moyenne, et jusqu'à 115 jours dans certains cas.
A plus long terme, et alors que la période d'observation accordée au groupe est de six mois, « il faut permettre un nouveau départ pour l'aviculture française » en trouvant pour Doux, « en France ou à l'étranger, une participation ou une reprise de l'outil de travail », a ajouté M. Morin.
« Les ministres de l'Agriculture et du Redressement productif suivent de très près la situation et souhaitent pouvoir garantir la pérennité de l'entreprise », a déclaré de son côté Georges-Pierre Malpel, leur représentant. « Cette filière, même si elle a quelques difficultés, a de l'avenir », a-t-il ajouté.
Ces annonces ont été accueillies avec un certain soulagement par les représentants agricoles. « Il est rassurant, pour les éleveurs, de pouvoir se dire qu'il vont pouvoir continuer à fournir. Maintenant, la question est de savoir ce qu'on fait pour pérenniser cette filière », a indiqué Pierre Lec'hvien, président de la Coordination rurale des Côtes-d'Armor. « Nous sommes rassurés pour les jours à venir, maintenant il va falloir gérer les arriérés », a indiqué pour sa part Pierre-Yves Lozahic, un éleveur dans le même département. « Pour l'instant, j'ai confiance et j'ai rempli mon poulailler », a-t-il ajouté. Jean Cabaret, porte-parole de la Confédération paysanne de Bretagne, a estimé que Doux avait un « devoir de transparence » alors qu'il a perçu « des centaines de millions d'euros de l'Europe ». « Le contribuable, les salariés, les producteurs que nous sommes avons droit à la transparence », a-t-il déclaré.
Le groupe familial Doux, plombé par une dette estimée à plus de 430 millions d'euros, a été placé vendredi 1er juin en redressement judiciaire, à sa demande. Il emploie 3.400 personnes en France, en plus de ses fournisseurs.
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