Dans son dossier d'octobre 2013 (n° 518 « Des pesticides dans le vin, nos analyses »), la revue Que Choisir dévoile ses résultats sur les traces de pesticides dans un échantillon de 92 bouteilles des différentes régions viticoles françaises.
L'enquête de Que Choisir révèle « des taux de pesticides jusqu'à 3.500 fois supérieurs à la norme de potabilité de l'eau » et « la présence de produits interdits dans plus de 20 % des vins échantillonnés », relève la Fédération nationale de l'agriculture biologique des régions de France (Fnab) dans un communiqué du 26 septembre.
« Si l'étude révèle que les vins bio sont la seule garantie sérieuse, elle met également en évidence la carence des dispositifs publics de contrôle pour la protection des consommateurs, et le silence de la profession viticole à l'exception des quelques démarches individuelles ou collectives de vignerons responsables. La Fnab rejoint les consommateurs dans leur revendication de plus de garantie concernant les pesticides dans le vin. »
« L'usage des pesticides continue d'augmenter en France (+ 2,6 % entre 2008 et 2011), et ces pesticides se retrouvent dans le vin. La question des dérives de pesticides dans la nature est également posée par la constatation de traces de pesticides d'origine environnementale dans certains vins bio. Quelle est la protection accordée aux agriculteurs bio et aux riverains quand on voit fleurir au printemps les autorisations préfectorales pour épandage aérien ? La Fnab demande donc des mesures pratiques de protection pour l'agriculture bio et les riverains, ainsi que l'application réelle du principe d'interdiction des épandages aériens. »
De plus, la Fnab demande à l'Etat la mise en place d'un système de contrôle des pratiques et d'analyse des vins pour un objectif, à terme, « d'obligation de résultat » pour la filière viticole. « On le voit, les objectifs du plan Ecophyto n'ont pas été atteints, c'est l'échec d'une politique - coûteuse (140 millions d'euros par an) - basée sur la seule autorégulation des filières agricoles par le biais d'une formation (Certiphyto, obligatoire au 1er octobre) qui ne change pas les pratiques. »
« La mise en place d'une LMR (limite maximale de résidus) sur les vins et pas seulement sur le raisin peut être un élément de ce dispositif de contrôle mais n'est pas suffisante. En effet, une LMR reste un seuil arbitraire de tolérance des pesticides qui ne tient pas compte de "l'effet cocktail" des molécules à faible dose et des spécificités des perturbateurs endocriniens non liés à un effet seuil. »
« La surface viticole bio a quasiment triplé en 5 ans (22.500 ha en 2007 à 64.800 ha en 2012) en lien avec l'évolution du marché des vins bio français (..). Une croissance qui se poursuit en 2012 à + 15 %. »
La Fnab demande à l'Etat d'assurer « la promotion de la viticulture bio et plus généralement de l'agriculture biologique, à l'aide d'une taxe significative sur les produits phytosanitaires. Une augmentation de 30 millions d'euros de la redevance sur les pollutions diffuses (RPD) a été décidée. Si cette somme est notoirement insuffisante au regard des recommandations de la mission relative à la fiscalité des produits phytosanitaires, son usage doit être priorisé sur les actions de protection de la ressource en eau par l'agriculture biologique. Une demande qui doit s'inscrire dans les actions du programme Ambition bio 2017 du ministre de l'Agriculture », conclut le communiqué de la Fnab.