Une quarantaine de vignerons de l'Aude et de l'Hérault viennent de décider de se regrouper pour réclamer l'argent que leur doit un négociant en vins mis en liquidation judiciaire le 6 mai, a-t-on appris mardi de source professionnelle.
« Ces vignerons rencontreront mardi prochain une dizaine de coopératives du Languedoc, elles aussi victimes, pour tenter ensemble de récupérer un total d'impayés de 6 à 7 millions d'euros », a indiqué à l'AFP le président de la Fédération des vignerons indépendants de l'Aude, Jean-Marie Fabre.
Le négociant en question, la SDVA établie à Lézignan, avait, au moment de sa liquidation, une dette totale de plus de 11 millions d'euros, et notamment des ardoises de 15.000 à 200.000 euros auprès des vignerons fournisseurs de vin, selon M. Fabre. Le préjudice subi par certaines coopératives est encore plus élevé. « On est sur des quantités bien plus importantes, de l'ordre de 1,5 million d'euros », déclare Francis Taillades, président de Néotéra, issue de la fusion des coopératives de Narbonne et d'Ouveillan. Cette coopérative était par ailleurs actionnaire minoritaire de la société liquidée. « Nous n'avions pas de pouvoir de gestion, mais nous sommes doublement pénalisés par la faillite », dit M. Taillades.
Le président de Néotera se veut « très prudent quant aux responsabilités, dans l'attente de l'enquête du liquidateur », mais remarque que la faillite est allée de pair avec un chiffre d'affaires de la SDVA « en hausse spectaculaire, de 18 millions d'euros en 2012 à plus de 29 en 2013 ». Cette progression serait liée à des contrats de vente à très bas prix passés avec la grande distribution, qui ne permettaient pas à la SDVA de payer ses fournisseurs, a indiqué M. Fabre sur la foi des déclarations de plusieurs vignerons concernés, dont certains n'excluent pas d'engager une action pénale.
M. Fabre estime que les vignerons « n'ont pas grand espoir de récupérer leur dû » dans le cadre de la procédure de liquidation, même si certains d'entre eux, qui livraient 70 % de leur récolte à ce négociant, sont menacés dans leur existence. « Devant le tribunal de commerce, les vignerons ne sont que des créanciers secondaires derrière les 12 salariés de la SDVA, le fisc et les banques », explique-t-il.
Le marché viticole du Languedoc « a connu une année plutôt porteuse et semble dans une spirale positive », estime le président des vignerons indépendants de l'Aude, tout en soulignant « qu'après 7 ou 8 années de mutations difficiles les vignerons n'ont pas de bas de laine » pour surmonter des sinistres comme celui du négociant de Lézignan.