Le gouvernement a annoncé mardi avoir identifié en tout cinq circuits ayant conduit à la présence de viande de cheval dans des produits cuisinés en France, étiquetés comme contenant du bœuf, tout en jugeant « encourageants » les résultats de la dernière campagne de tests ADN.
En plus de la filière Spanghero/Comigel par où a éclaté le scandale, « nous avons identifié quatre nouveaux circuits » et « il est possible qu'il y en ait d'autres », a annoncé le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, lors d'une conférence de presse au Parlement européen.
Le ministre était venu à Strasbourg plaider auprès de la Commission européenne pour que l'UE rende obligatoire la mention de l'origine de la viande sur l'étiquette des plats cuisinés. Pour l'heure, seuls le Portugal, la Finlande et la Grèce ont rejoint la France et l'Allemagne sur cette proposition.
« Notre objectif est de restaurer la confiance des consommateurs dans ce qu'ils ont dans leur assiette », a dit M. Hamon.
Evoquant la situation en France, il a précisé ne disposer d'aucun élément pour soupçonner les entreprises concernées par ces quatre circuits supplémentaires d'avoir voulu tromper les consommateurs. Elles pourraient même être « victimes » de leurs fournisseurs de viande.
Deux des nouveaux circuits évoqués concernent des sociétés qui avaient déjà annoncé elles-mêmes avoir détecté de la viande de cheval dans leurs produits : il s'agit du fabricant de corned-beef Covi et de Gel Alpes, fournisseur notamment de William Saurin et Panzani. Toutes deux avaient explicitement commandé par écrit du bœuf à leurs fournisseurs.
Covi et Gel Alpes étaient en relation avec l'intermédiaire néerlandais Draap Trading – déjà mis cause dans l'affaire Spanghero – ou avec des « sociétés sœurs », comme Windmejer et Meat-team. Dans le cas de Covi, la viande venait d'abattoirs situés en Pologne ou en Estonie.
Les deux entreprises n'ont « pas délibérément changé leurs étiquettes », contrairement à ce qui est reproché à Spanghero, a souligné le ministre. Cette différence explique qu'elles n'aient pas été privées de leur agrément sanitaire, comme l'avait été Spanghero.
Dans les deux autres cas, la présence de viande de cheval est « le plus souvent détectée en faible quantité », a-t-il ajouté.
Cela concerne Davigel (groupe Nestlé), qui se fournissait auprès d'un atelier de transformation allemand, lequel utilisait de la viande venue d'abattoirs italiens, via des traders allemands et hollandais. La viande examinée contenait entre 1 et 3 % de cheval, ce qui pourrait s'expliquer par une « contamination croisée » – par exemple si les instruments utilisés pour découper du bœuf n'ont pas été nettoyés après avoir découpé du cheval.
Le dernier circuit évoqué est celui touchant le fabricant de corned-beef Toupnot, à « l'attitude très constructive », selon le ministre, dans cette enquête. Là aussi, le cheval, qui pourrait venir via plusieurs intermédiaires d'un abattoir polonais, était présent en faible quantité parmi le bœuf.
Le ministre a par ailleurs indiqué que des tests ADN pratiqués sur des échantillons de plats cuisinés prélevés dans des magasins avaient dans un premier temps révélé une forte présence de viande de cheval (dans 9 tests sur 10), mais que dans un deuxième temps, après que les produits incriminés eurent commencé à être retirés des rayons, ce taux avait fortement baissé (sur les 40 tests de la deuxième série, seuls 2 contenaient du cheval).
« Plus on fait des tests, moins on trouve de cheval, c'est encourageant », a commenté M. Hamon.
Les services de l'Etat ont également vérifié si les distributeurs avaient retiré de leurs rayons les produits des marques incriminées dans ce scandale. A cet effet, près de 4.100 points de vente ont été contrôlés. Les inspecteurs n'ont trouvé des produits potentiellement suspects que dans une vingtaine de magasins, « surtout des petites surfaces ou des supérettes ». « Honnêtement, c'est un bon ratio », a commenté M. Hamon.