Hier, le mercredi 7 octobre 2015, plusieurs associations de défense de l'environnement ont appelé à la mobilisation contre le projet d'une exploitation à Wintershouse dans le Bas-Rhin, qui compte aujourd'hui 370 taurillons à l'engraissement et a déposé une demande d'extension à 1 200 têtes. Cette nouvelle charge fait suite à l'avis favorable rendu le jour même par le Conseil départemental de l'environnement, des risques sanitaires et technologiques (Coderst).
Ce projet a déjà fait l'objet d'une pétition relayée par des associations. « Les fermes-usines et notamment ce projet à Wintershouse ne respectent en rien les principes de l'agriculture paysanne, a dénoncé Bruno Dalprat des Amis de la Confédération paysanne d'Alsace à l'AFP. Vouloir inonder le marché et se soumettre aux diktats de la grande distribution, alors que l'ensemble de la profession est en détresse et le manifeste, est tout simplement irresponsable. »
Faux, répond Dominique Daul, le président de la section bovine de la FDSEA du Bas-Rhin, joint par La France Agricole. « Il s'agit d'un projet destiné à approvisionner une filière locale, sous la marque Burehof. Dans notre région, nous mangeons du jeune bovin. Ce n'est pas du tout pour produire des animaux qui seront exportés. Notre région a une vocation à l'engraissement qui est complémentaire des systèmes naisseurs herbagers. Nous comptons 15 à 20 ateliers de 400 places dans la région. »
« Installer un jeune hors cadre familial »
La taille du projet est un autre argument que Dominique Daul balaie d'un revers de manche. D'abord parce que des ateliers de 1 200 places, « il n'y en aura pas 50. Ils ont demandé l'autorisation à 1 200 places mais iront-ils jusqu'à ce niveau ? Cela ne me gêne pas car la taille de nos ateliers est raisonnée à l'échelon du territoire. Nous avons des plans d'épandage avec les voisins, achetons des céréales localement, faisons des échanges paille fumier... Il n'y a pas de concentration de la production chez nous. C'est faux ! »
Ce projet est porté par une exploitation d'une centaine d'hectare gérée par un père et son fils et sur laquelle veut s'installer un neveu sans accroître la superficie. « Aujourd'hui, il faut voir l'élevage différemment, poursuit Dominique Daul. Il s'agit d'installer un jeune hors cadre familial et de maintenir une activité pour celui déjà en place. Il sera plus facile de produire 1 800 jeunes bovins à plusieurs que 400 tout seul. Et puis, les éleveurs ont droit de temps en temps à un petit week-end. Comment voulez-vous maintenir une activité d'élevage si votre femme travaille à l'extérieur alors que vous êtes esclave de votre travail ? »