Une cinquantaine de producteurs bovins de l'Aveyron ont manifesté lundi soir à la préfecture pour dénoncer l'importation de viande d'Amérique du Sud à bas prix et réclamer un renforcement des normes sanitaires.
Cette manifestation qui s'est déroulée sans incident a été organisée par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de l'Aveyron, le jour même où l'Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay) décidaient de renouer lundi à Madrid leurs négociations en vue d'un accord commercial de libre-échange.
Une cinquantaine d'éleveurs ont inspecté dans la journée des grossistes et des supermarchés aveyronnais à la recherche de viandes du Mercosur et sont venus porter leurs trouvailles à la préfète.
Les manifestants ont stationné devant la préfecture de 21h30 à 23h00, tandis qu'une délégation était reçue.
Les manifestants ont dénoncé « les prix défiant toute concurrence » de la viande sud-américaine et ont réclamé « les mêmes normes sanitaires que celles imposées aux Français ». Ils ont appelé le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, « à la plus grande vigilance ».
La reprise des négociations UE-Mercosur a été annoncée par le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, dont le pays préside l'UE, à l'issue d'un sommet UE-Mercosur à Madrid.
Les négociations étaient rompues depuis 2004, les pays européens craignant une trop forte concurrence des produits agricoles et d'élevage du Mercosur dont les membres appréhendaient en retour d'être envahis par les produits industriels européens.
Dix Etats européens emmenés par la France ont exprimé lundi à Bruxelles leur inquiétude quant aux risques que ferait peser sur leur agriculture un accord commercial entre l'UE et le Mercosur. D'autres Etats membres ont également fait part de leurs inquiétudes.
Le Copa-Cogeca (organisations agricoles et coopératives de l'UE) a « exprimé son soutien aux Etats membres qui s'opposent à la réouverture de négociations commerciales avec le Mercosur », lundi, dans un communiqué.
Le président du Copa, Padraig Walshe, a estimé qu'un accord avec les pays d'Amérique du Sud « enverrait un signal très négatif au secteur agricole européen qui est confronté à de nombreuses difficultés. Cela menacerait les normes élevées de qualité et de sécurité de l'UE ».
« Les producteurs européens doivent respecter des exigences très strictes, qui augmentent les coûts de production, alors que les pays du Mercosur ne sont pas tenus de respecter les mêmes normes. Ils utilisent pour leur production de viande des accélérateurs de croissance, alors que ceux-ci sont interdits dans l'UE. Les contrôles des antibiotiques y sont faibles », a poursuivi le responsable agricole européen.
« Leurs conditions de travail sont inacceptables à l'aune des normes européennes. Ils utilisent également pour leur production des OGM, ce que les agriculteurs européens ne peuvent faire car on nous dit que les consommateurs européens n'en veulent pas », a-t-il ajouté.
D'autres partenaires commerciaux, tels que les Etats-Unis et le Japon, n'autorisent pas l'importation de viande depuis les pays du Mercosur, explique également le Copa.
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