Voilà à peine un mois que FranceAgriMer diffuse de nouvelles cotations « entrée abattoir » pour les veaux de boucherie et sous la mère, que déjà le dispositif essuie des critiques. Ce mécontentement s'est traduit, la semaine dernière, par le refus des commissions régionales de cotation de statuer.
Le mardi 5 mars 2013, tout le monde est revenu à la table des discussions « avec la volonté de calmer le jeu, estime Marc Zribi, le chef de l'unité des cotations et informations de conjoncture à FranceAgriMer. Il y a des cotations par bassin sur les catégories où cela est possible, et nous avons publié un commentaire synthétique, là aussi par bassin, sur l'état du commerce ».
Du côté des producteurs, c'est la façon dont les abatteurs remontent les prix d'achat des veaux qui déplaît. « Les prix transmis à FranceAgriMer ne correspondent pas à la réalité du marché, estimait Alexandre Merle, le vice-président de la section des veaux à la Fédération nationale bovine (FNB), lors du Salon international de l'agriculture. L'aval a demandé à pouvoir remonter ces informations par lot. En fonction des prix remontés pour les extrêmes, ils arrivent à jouer sur ceux du cœur de gamme. Le dispositif de cotations fonctionne bien avec les gros bovins de boucherie. La seule différence, avec le veau, c'est cette remontée par lot. Nous l'avions dénoncée. »
FranceAgriMer a bien conscience des difficultés que peut engendrer la mise en place d'un nouveau dispositif de cotations. Et reste attentif à ses conditions de mise en place. « Nous avons effectivement la problématique des remontées par lot qui correspond à la pratique du commerce, rappelle Michel Meunier, le délégué des filières des viandes à FranceAgriMer. Un lot devrait être homogène, mais ne l'est pas forcément. En présence d'un achat en lot, nous demandons à l'abatteur “d'individualiser” la composition du lot, dont chaque animal est classé après abattage. Et qu'il communique à FranceAgriMer le prix de chaque animal ainsi classé selon la typologie correspondante de sa grille commerciale d'achat de la semaine. Cette solution, définie en concertation avec les professionnels, permet de prendre en compte le prix des animaux achetés en lots et d'améliorer la représentativité de la cotation. »
Un point d'étape à la fin du premier semestre
FranceAgriMer a prévu de conduire, dans les semaines qui viennent, « un travail pédagogique auprès des opérateurs pour nous assurer que les modalités de transmission des informations, notamment en lot, sont bien comprises, complète Marc Zribi. Ainsi que sur les frais d'approche. Mais c'est dans la durée que l'on verra véritablement comment se positionne le nouveau système. » Un point d'étape est d'ailleurs prévu à la fin du premier semestre de 2013 pour voir si des modifications sont nécessaires.
De leur côté, les abatteurs renvoient ce point de méthodologie à FranceAgriMer. « Lors des remontées, la somme des déclarations des industriels conduit à des variations des cotations “entrée abattoir” plus importantes que ce qui se pratique sur le marché, estimait Jean-Louis Arquier, le directeur général de Tendriade, lors du Sia. La semaine dernière, la cotation diffusée par FranceAgriMer était baissière, alors que le marché était stable. » Un chiffre que les distributeurs ne manquent visiblement pas de regarder avant de négocier leurs prix d'achat.
« On s'est orienté vers un dispositif qui systématise les remontées de prix depuis les entreprises, répond Michel Meunier. D'une semaine sur l'autre, on va voir des microvariations qui ne reflètent pas la tendance du marché. Il faut que les relations entre abatteurs et distributeurs s'appuient davantage sur la tendance que sur ces écarts à la semaine. D'où l'intérêt d'utiliser davantage le prix moyen pondéré. »
En ce qui concerne les veaux sous la mère, « nos difficultés pour diffuser des cotations sont sans doute liées à un manque d'effectifs sur certaines catégories, détaille Michel Meunier. Nous n'avons peut-être pas retenu la classe d'engraissement la plus courante chez ces animaux. Ces veaux sont le plus souvent de races à viande, des limousins ou des blonds d'Aquitaine. Nous nous sommes trouvés dans la même situation avec les jeunes bovins de ces races qui sont souvent plus maigres que ceux des autres races. Nous avions retenu la note d'état d'engraissement de 3, alors qu'ils sont plus souvent classés 2. »