Les trombes d'eau du 15 juin 2010 dans le Var n'ont pas épargné les agriculteurs. Tous les secteurs sont frappés : l'élevage, le maraîchage, l'horticulture et la viticulture. Témoignages.
« J'ai perdu 90 % de mon troupeau. » Éric Féménia, éleveur ovin au Thoronet, est l'un des agriculteurs les plus touchés par les inondations qui se sont abattues dans le Var le 15 juin dernier. « Il pâturait à 200-300 mètres de l'Aille ; la crue a été d'une violence inouïe, poursuit-il. En quelques minutes, une vague de 1,50 mètre de hauteur a englouti les 1.000 bêtes de mon cheptel. Je n'ai rien pu faire. Nous avons retrouvé 80 animaux vivants le lendemain. » Triste fatalité, ses moutons devait transhumer dans les estives la semaine suivante.
Plus au sud, à Fréjus, l'un de ses collègues éleveur a perdu 750 ovins. « J'étais assuré, reprend Éric Féménia. Mais j'ignore quand la compagnie d'assurances débloquera les fonds. » Les agneaux devaient être abattus et vendus en novembre, pour la fête de l'Aïd el-Kebir. L'éleveur n'a pas encore chiffré les pertes. Il les estime à l'équivalent d'une année de revenu, voire plus.
Il doit, en effet, reconstituer un troupeau. Or, il ne pourra pas racheter de bêtes auprès de ses confrères avant la fin de la période de détention liée à la prime à la brebis, en mai. « Avant que je remonte un troupeau identique à celui que je possédais, il faudra des années, déplore t-il. J'avais procédé à de la sélection, les bêtes connaissaient les lieux de pâturage... »
À Roquebrune-sur-Argens, Olivier Ciamous a vu s'évanouir deux hectares de melons. « Le courant a tout emporté, expose-t-il. Nous avions également des plants de tomates, ils ont été couchés à terre. Nous étions à une semaine de la récolte. » Les six hectares de vergers, pêchers, abricotiers, pruniers, inondés sous 2,20 mètres d'eau, ont aussi souffert. Les pêches, recouvertes de limon, pourrissent sur les arbres.
« Nous n'avons pas pu traiter car il était impossible d'accéder aux parcelles », ajoute l'agriculteur. Les flots ont emporté 80 % de son chiffre d'affaires, selon ses calculs. Non assuré pour ce type de risque, il a constitué un dossier pour bénéficier des indemnités prévues par le régime des calamités agricoles. En attendant, il a remis en culture des melons et des tomates sur des parcelles non sinistrées. La récolte, prévue à la fin d'août, atténuera les pertes, a minima.
Le bilan des dégâts se précise Quinze jours après les intempéries, le bilan dressé par la cellule de crise de la chambre d'agriculture du Var s'affine. 27 entreprises horticoles et 23 maraîchères sont, à ce jour, déclarées sinistrées. En horticulture, ce chiffre représente plus d'une entreprise sur deux sur les communes inondées. En viticulture, 750 hectares sont « durement touchés ». 123 viticulteurs sont concernés, soit un quart des viticulteurs exerçant sur les communes sinistrées. Près de 3.200 ovins et une centaine de chevaux ont péri noyés. 700 hectares d'oliviers ont été également été touchés. |