Le commissaire européen à la Santé, Vytenis Andriukaitis, a prôné lundi une « vigilance absolue » pour empêcher la propagation de Xylella fastidiosa, une bactérie tueuse d'oliviers en Italie, qui menace aussi vignes et agrumes. Le commissaire a annoncé qu'il se rendra « très bientôt en Italie » pour examiner l'efficacité des mesures prises contre cette épidémie, apparue en octobre 2013.
L'Union européenne « suit de très près » la situation et « encourage une approche de précaution », passant par l'arrachage des arbres touchés, a rappelé le commissaire lituanien devant la commission de l'agriculture du Parlement européen.
« Au moins 10 % » des 11 millions d'oliviers de la province de Lecce sont touchés
Les expertises menées jusque-là « suggèrent qu'au moins 10 % » des quelque 11 millions d'oliviers de la province de Lecce sont touchés, a précisé le commissaire. La bactérie, qui fait dépérir les végétaux auxquels elle s'attaque et contre laquelle aucun remède n'a jusque-là été trouvé, constitue aussi une menace pour les vignes et agrumiers européens, « qui pourraient devenir des plantes d'accueil », a-t-il souligné.
Selon Bruxelles, l'Italie, qui a circonscrit une zone d'urgence de 241.000 hectares dans la région méridionale des Pouilles, a jusqu'à présent trainé les pieds sous la pression de ses producteurs, au prix d'une détérioration de la situation qui impose un sursaut. « Très peu d'oliviers ont été abattus » et un deuxième foyer d'épidémie a été récemment signalé dans la province de Brindisi, dans le nord, a indiqué Michael Flueh, de la direction générale de la santé et de la consommation.
L'exécutif européen adoptera des « mesures renforcées à la fin d'avril »
L'exécutif européen adoptera des « mesures renforcées à la fin d'avril », après des discussions tant au sein du comité phytosanitaire permanent de l'UE les 26 et 27 mars 2015 qu'avec les autorités italiennes, a-t-il annoncé.
La Commission européenne « envisage de renforcer fortement la taille de la zone de confinement et la création d'une zone tampon » autour des foyers signalés, a précisé ce haut-fonctionnaire.
Elle entend aussi « renforcer les restrictions sur les mouvements de pays tiers », a-t-il indiqué, alors que la bactérie aurait pu gagner l'Europe via des importations de plantes du Costa Rica.
En l'état actuel de la législation, ce tour de vis risque de coûter cher aux cultivateurs, « faute d'instruments financiers permettant des compensations, sauf pour les dépenses d'arrachage », a-t-il admis.
Inquiétude affichée par la France, l'Espagne et le Portugal
Les élus de la commission de l'agriculture ont pour leur part relayé l'inquiétude affichée, entre autres, par la France, l'Espagne et le Portugal, qui réclament un tel durcissement des règles de prévention.
« Il faut aller beaucoup plus vite pour empêcher la circulation des végétaux » vecteurs, a plaidé l'écologiste français José Bové. Il a affirmé que la bactérie avait ainsi été découverte dans « des oliviers d'ornement vendus dans des grandes surfaces en Corse ».
Mais la résistance monte en Italie contre la destruction d'oliveraies séculaires qui ont façonné le paysage des Pouilles. Dans un courrier envoyé à M. Andriukaitis, l'association italienne Peacelink invoque des études scientifiques mettant en cause d'autres facteurs que Xylella fastidiosa dans les ravages subis par les oliveraies, notamment des champignons. « La Commission européenne risque de condamner à mort tout l'écosystème des Pouilles » sur la base d'études erronées, met-elle en garde.
« Nous sommes en contact avec cette organisation, et avons demandé une confirmation du diagnostic » incriminant actuellement la bactérie à l'Efsa (Agence européenne de sécurité alimentaire), a réagi M. Flueh.