« La politique agricole de la Turquie reste trop protectionniste compte tenu de l'ampleur des mesures de soutien aux agriculteurs et de protection contre les importations de produits alimentaires », selon un rapport d'évaluation présenté vendredi par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Celui-ci reconnaît l'importance du secteur agricole turc : il représente le premier employeur du pays, avec 25 % de la population active et 8 % de son PIB.
« La Turquie est le septième producteur agricole mondial et l'un des premiers producteurs et exportateurs de produits végétaux qui vont des noisettes et des châtaignes aux abricots, aux cerises, aux figues, aux olives, en passant par le tabac et le thé », rappelle l'OCDE dans un communiqué.
Elle souligne néanmoins que « les gains de production du pays ne sont pas allés de pair avec des améliorations de la productivité. Près des deux tiers des exploitations représentent moins de cinq hectares et la compétitivité est freinée par une forte dépendance à l'égard des mesures de soutien des prix accordées aux agriculteurs ».
« Les dernières statistiques montrent que les mesures turques de soutien aux agriculteurs ont augmenté ces dernières années. Représentant 34 % du revenu agricole total, l'estimation du soutien aux producteurs (ESP) du pays dépasse désormais la moyenne de l'OCDE qui est de 22 % », poursuit le communiqué.
Le soutien des prix du marché représente 88 % du soutien aux producteurs turcs, « ce qui fausse la production et les échanges et qui constitue de plus un moyen inefficient de transférer des revenus aux agriculteurs », affirme l'organisation.
Le rapport fait plusieurs recommandations. La Turquie « pourrait améliorer sa compétitivité en redoublant d'efforts pour découpler le soutien à l'agriculture de la production tout en poursuivant les réformes institutionnelles », estime-t-il. « De plus, ces réformes permettront à la Turquie de mieux se préparer à une éventuelle intégration future dans l'Union européenne. »
« Pour mieux soutenir l'agriculture tout en stimulant la compétitivité, estime l'OCDE, la Turquie devrait abandonner son dispositif fondé sur la production au profit de mesures en faveur de la recherche et du développement, de la formation de personnel qualifié et du conseil en vue d'améliorer la productivité ».
« Elle devrait aussi s'efforcer de faciliter les activités non agricoles en tant que sources de revenu pour les ménages agricoles et s'attaquer aux problèmes environnementaux, en particulier en renforçant son dispositif de gestion de l'eau », selon le rapport de l'OCDE.
Le ministre turc de l'Agriculture, Mehmet Mehdi Eker, a affirmé que « ce nouveau rapport montre que la Turquie a connu une augmentation constante de sa production agricole en valeur, en dépit d'une diminution de sa population agricole L'OCDE montre aussi que la Turquie (...) contribue ainsi à la sécurité alimentaire à l'échelle mondiale ».