La Tunisie, dont le secteur touristique est touché par une grave crise depuis les attentats du Bardo et de Sousse, a « évité le pire » économiquement en 2015 grâce à des exportations agricoles record, a affirmé vendredi le ministre des Finances, Slim Chaker.
L'économie tunisienne a « évité le pire » cette année grâce à la chute des prix du pétrole mais aussi à une hausse spectaculaire « des exportations d'huile d'olive et de dattes », a déclaré à la presse M. Chaker lors de la présentation du projet de loi des finances (PLF) 2016.
860 millions d'euros de vente d'huile d'olive ...
Selon des données obtenues par l'AFP auprès du ministère de l'Agriculture, les exportations d'huile d'olive, principal pilier du secteur agricole, ont atteint 300.000 tonnes à fin septembre, pour des revenus estimés à plus de 1,9 milliard de dinars (860 millions d'euros) contre moins de 500 millions de dinars (230 M EUR) sur l'ensemble de l'année dernière.
Ce chiffre, qui constitue un nouveau record, fait de la Tunisie le premier exportateur d'huile d'olive devant l'Espagne en 2015, d'après le quotidien La Presse, qui attribue principalement cette hausse spectaculaire à des « conditions météorologiques défavorables » en Europe du sud.
... et 462 millions pour les dates
Quelque 100.000 tonnes de dattes avaient également été exportées à fin septembre, pour un montant là aussi record de 462 millions de dinars (210 M EUR), un chiffre provisoire déjà supérieur à 2014 (380 M de dinars, 170 M EUR), a souligné Aniss Ben Rayana, responsable au ministère de l'Agriculture.
Malgré cette note d'optimisme, le ministre des Finances a réaffirmé devant la presse la prévision d'une faible croissance de 0,5 % en 2015. Il a relevé que le projet de budget tablait sur un taux de 2,5 % l'an prochain, un chiffre qui demeure éloigné de la moyenne de 5 % inscrite dans l'ambitieux plan de développement 2016-20 récemment présenté. Si la Tunisie a réussi sa transition politique née de la révolution (2011), elle peine à relancer son économie. La situation s'est encore compliquée avec les attaques du musée du Bardo en mars et de Port el-Kantaoui (près de Sousse) en juin, qui ont fait 60 morts, dont 59 touristes.
Le secteur touristique, qui représente, comme le secteur agricole, près de 10 % du PIB, est sinistré : le nombre d'entrées en provenance d'Europe a chuté de moitié depuis janvier et plusieurs chaînes internationales fermeront leurs hôtels tout l'hiver. La Tunisie, qui espère ramener son déficit public à 3,9 % en 2016, a annoncé le mois dernier qu'elle solliciterait un nouveau plan d'aide auprès du Fonds monétaire international, au moins égal à celui de 2013, soit 1,7 milliard de dollars.