France Nature Environnement (FNE) a déploré, vendredi, un lâcher de lest de l'Etat face aux revendications de certains « irrigants », alors que la sécheresse se manifeste dès ce mois d'avril, avec huit départements qui ont déjà imposé des restrictions d'usage de l'eau, et l'annonce de la convocation d'un « comité sécheresse » d'ici à la fin de mai.
Pour l'organisation écologiste, cette situation ne peut être le simple fait de plusieurs années de déficit pluviométrique, « mais probablement aussi des prélèvements excessifs pour l’irrigation, que les précipitations ne permettent plus de compenser ».
Elle rappelle que selon la hiérarchie établie en 2007 par la Commission européenne sur « les mesures à prendre pour adapter nos activités au changement climatique », la logique qui prévaut est « l’adaptation des activités au changement plutôt que la tentative désespérée de modifier le milieu pour lui faire retrouver son état "initial" ».
FNE considère ainsi que les créations de réservoirs d’eau « ne doivent être envisagées que lorsque toutes les solutions permettant d’économiser l’eau ont été mises en œuvre », ce que ne fait pas la France, dit l'organisation.
« Le respect des volumes prélevables, qui doit permettre le partage de la ressource entre les différents usages et dont une partie des agriculteurs ne veut pas, est sans cesse repoussé », regrette FNE.
Le communiqué dénonce en outre qu'une « partie des irrigants refuse de jouer collectif et de s’organiser dans le cadre d’un organisme unique sensé répartir les volumes prélevables entre eux ».
FNE appelle les ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture à « engager une vraie politique d’économie d’eau et d’évolution des filières agricoles ».
« C’est l’argent public qui finance la dégradation des nappes et des rivières », explique FNE. Les retenues de substitution « censées prélever l’eau en dehors des périodes estivales » sont financées « jusqu’à 100 % par subventions publiques, à 70 % par les agences de l’eau », martèle FNE. Et elles « confortent » ainsi « les cultures gourmandes en eau, maïs en tête ». Or, le manque d’eau est chronique et ces ouvrages risquent d’étendre la durée des basses eaux au-delà de sa période normale, prévient FNE.
« Ces réservoirs d’eau pérennisent justement les cultures les plus gourmandes en eau et la monoculture, qui ne peut se passer de nitrates et de pesticides, alors même qu’il faudrait encourager à cultiver des espèces moins gourmandes en eau », a indiqué Bernard Rousseau, ancien président et responsable des politiques de l’eau à FNE.
« Nous demandons l’arrêt du développement des retenues de substitution et de leur subventionnement public, le respect des volumes prélevables et un plan ambitieux de développement de filières agricoles alternatives nécessitant peu d’intrants, à commencer par un financement de l’agriculture de haute valeur environnementale », a pour sa part déclaré Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à FNE.
Lire également :
- Sécheresse : plusieurs pays d''Europe du Nord manquent de pluie (22 avril 2011)
- Restrictions d'eau : un « comité sécheresse » convoqué pour la mi-mai (21 avril 2011)
- Sécheresse : restrictions d'eau dans huit départements (21 avril 2011)
- Irrigation : le président de la chambre du Tarn-et-Garonne précise ses attentes (18 mars 2011)
Irrigation : Nicolas Sarkozy promet une adaptation pour le bassin Adour-Garonne (16 mars 2011)