Les revenus agricoles de 2010 se redressent après la dégringolade des années 2008 et 2009, principalement grâce à la hausse des prix des céréales couplée à la baisse des engrais. Les services statistiques du ministère ont confirmé jeudi les résultats prévisionnels annoncés en décembre : le revenu moyen s'établit à 24.300 € par actif en 2010, contre 11.300 € en 2009 (et non pas 14.600 €, tel qu'estimé en décembre 2010).
L'embellie profite à toutes les productions, dans des proportions différentes cependant. Si les grandes cultures affichent des revenus moyens par actif de 41.200 €, l'élevage bovin ou ovin enregistre un niveau moitié moins élevé. Ces fortes disparités se retrouvent logiquement dans la photographie des revenus par département (attention, ils intègrent les revenus viticoles, avec ou sans appellation).
La « bonne nouvelle » n'a pourtant pas réjoui la profession qui a tenu à remettre l'amélioration de 2010 dans son contexte : la tendance des revenus est à la baisse de - 7 % sur les cinq dernières années, et jusqu'à - 15,6 % pour l'élevage bovins viande (évolution en % annuel des moyennes triennales 2005-2006-2007 et 2008-2009-2010). Alors même que les éleveurs subissent de plein fouet la sécheresse.
« Il est urgent de réinventer des outils de régulation de marché adéquats et d'instaurer une meilleure complémentarité des filières ainsi qu'une véritable politique de l'élevage», a demandé l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture.
L'année 2010 montre un « rattrapage qui demeure fragile » reconnaît le ministère de l'Agriculture qui en profite pour se féliciter de ses initiatives dans le cadre de la réforme de la réforme de la Pac et du G20 « en faveur d'une meilleure régulation des marchés ».
La Confédération paysanne dénonce « des disparités croissantes et les éleveurs toujours à la peine » et « peu considérés par les politiques ». Le syndicat rappelle au ministre de l'Agriculture, « l'incapacité financière de nombreux éleveurs à supporter les conséquences de la sécheresse 2011 et l'achat de fourrages de substitution livrés à la spéculation ». Il pointe également la responsabilité du projet de réforme de la Pac 2013 « quant à l'évolution et la répartition des revenus entre paysans ».
La Coordination rurale accuse « la dérégulation des marchés et la volatilité des prix qu'elle induit (qui) ballote les revenus des agriculteurs au gré des fluctuations des cours mondiaux tout en créant des énormes distorsions entre les différentes productions ». Le syndicat dénonce « l'imposture du bilan de santé de la Pac » et regrette que la France n'ait pas profité de sa présidence du G20 pour sortir l'agriculture du champ de compétence de l'OMC.
Téléchargez les notes d'Agreste Primeur et d'Insee Première sur l'agriculture en 2010.