Les Vignerons indépendants de France (Vif) ont demandé à un expert indépendant, spécialiste de la gestion des risques, de vérifier la faisabilité d’une assurance destinée à stabiliser le revenu des exploitations viticoles. L’étude a été présentée mardi 28 juin. Elle prouve qu’un tel projet est « techniquement et budgétairement réaliste ». Les Vif comptent mettre le dossier à l’ordre du jour de la réforme de la Pac.
« Chaque année, 35 % des exploitations viticoles enregistrent une baisse de résultats de plus de 30 %. Cette instabilité aléatoire rend peu prévisible l’avenir. Elle fragilise les exploitations et ne sécurise pas les projets d’entreprise à long terme », explique Thomas Montagne, secrétaire général des Vif.
C’est la raison pour laquelle les Vignerons indépendants de France demandent la mise en place d’un mécanisme assuranciel qui permettrait de lisser les conséquences des coups durs quels qu’ils soient (aléas climatiques ou pertes commerciales dues à la parité euro/dollar ou à un défaut de paiement...).
« La stabilisation économique n’a pas vocation à couvrir l’intégralité de la perte de revenu, précise le responsable. Elle vise à éviter les à-coups trop brusques. »
« Le déclenchement d’une compensation se ferait uniquement quand la perte de revenu de l’année serait supérieure d’au moins 30 % à la moyenne des trois dernières années », précise Christelle Jacquemot, directrice des relations institutionnelles.
L’étude commandée par les Vif au cabinet Decid & Risk a envisagé plusieurs niveaux de garantie, plus ou moins sécurisants. Les différentes hypothèses ont ensuite été testées sur des cas réels.
Pour ce faire, l’expert s’est basé sur les chiffres des résultats courants avant impôts (RCIA) enregistrés sur la période 2002-2009.
Les conclusions sont sans équivoque : « Mis à part pour la champagne qui nécessiterait des modalités particulières du fait d’un revenu moyen élevé, le système de stabilisateur économique est faisable », a assuré Luc Boucher, du cabinet Decid & Risk.
Pour montrer tout l’intérêt d’un tel système pour les exploitants, les Vif ont présenté des cas concrets : pour une exploitation de 18 ha avec un revenu moyen de 1.364 €/ha, la prime payée par l’exploitant, déduction faite de la subvention de l’état à hauteur de 65 %, ne serait que de 15 €/ha.
Si, une année, cet exploitant subissait une baisse de son revenu de 37 %, il pourrait ramener cette baisse entre 15 et 25 % suivant les niveaux de garanties choisies.
Convaincus de l’intérêt de leur projet, les Vif vont le présenter à l’ensemble des organisations professionnelles viticoles et à la FNSEA, dans le courant de juillet. « L’idéal serait que nous partions groupés sur le dossier pour le défendre au niveau européen », a conclu Thomas Montagne.