Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, qui s'exprimait mardi en clôture d'un colloque sur le stockage de l'eau organisée par son syndicat et les organisations professionnelles agricoles est revenu sur le plan de création de réserves sur cinq ans promis par le chef de l'Etat au début de juin et qui reste pour l'instant plutôt mystérieux.
Il a estimé qu'il faudrait investir entre 1 et 1,5 milliard d'euros pour avoir un plan significatif en matière de stockage d'eau. « Cela fait beaucoup mais en même temps si on ramène ça sur une longue période, je ne suis pas sûr que cela soit si important. Et pour tout dire, le jour où on n'aura plus qu'à résoudre les questions financières, on aura gagné la partie ! » Car avant, il faudra, selon lui, solutionner d'autres questions beaucoup plus conflictuelles.
Selon le député Eric Diard, secrétaire national à l'environnement de l'UMP, qui intervenait avant le président de la FNSEA, des annonces pourraient être faites à l'automne.
La proposition de Nicolas Sarkozy de confier la maîtrise d'œuvre des réserves d'eau aux chambres d'agriculture trouve grâce auprès de la FNSEA à condition de leur donner « les moyens politiques, de gouvernance et d'action pour le faire ».
Le syndicat prend acte de la demande du chef de l'Etat de tester des changements d'assolement sur 14.000 ha. « Pourquoi 14.000 ha ? Je n'en sais rien », a ironisé Xavier Beulin, tout en objectant que cela ne pouvait se faire par décret ou par idéologie.
Il a précisé que les projets de réserves demandées n'étaient pas « pharaoniques » puisqu'il s'agit d'apporter des solutions d'abord à l'échelle d'exploitations ou de groupes d'exploitations. Et éventuellement de les combiner à d'autres usages comme le soutien d'étiage, la pêche ou les loisirs.
« Il ne s'agit pas de stocker l'eau que pour l'agriculture. Nous nous inscrivons bien dans une démarche collégiale et coresponsable », a commenté le patron de la FNSEA. Seul le projet de Charlas en souffrance depuis de nombreuses années « et qu'il faut faire » sort par sa taille de ce schéma. Ce barrage serait aussi destiné à l'approvisionnement de l'agglomération toulousaine, une région en pleine croissance démographique.
« Le jour où les populations manqueront d'eau pour les besoins domestiques et que l'on va se réveiller, cela va faire autrement plus de tapage que les quelques agriculteurs qui râlent par rapport à leurs besoins » a-t-il prévenu.
Si les projets de réserves étudiés et lancés depuis de nombreuses avaient pu être menés à bien, la France aurait aujourd'hui de 150 à 160 millions de mètres cubes de stockage supplémentaires par rapport à la situation actuelle. Un chiffre à rapprocher des 300 millions de mètres cubes réclamés par la profession pour avoir une action significative et qui représentent 8 % de l'eau pompée pour l'irrigation. « Est-ce que c'est complètement démentiel ? Il faudra bien que l'on se prononce là-dessus », s'est interrogé Xavier Beulin.
Il a fait remarquer que beaucoup de pays du Sud ne se posaient pas les mêmes questions que nous à propos des réserves tellement c'est vital pour eux. Il est paradoxal de voir que cette année une partie des éleveurs du sud de la France vont s'approvisionner en Espagne en fourrages irrigués. « C'est un peu le monde à l'envers mais c'est quand même une réalité. Cela montre à quel point des orientations politiques peuvent être déterminantes », a-t-il expliqué.