Le groupe laitier français Lactalis a mis la main sur une forte majorité du capital de l'italien Parmalat à l'issue d'une offensive controversée qui lui permet de devenir le numéro un mondial des produits laitiers.
Au terme de son offre publique d'achat qui s'est achevée vendredi, le groupe de Laval, connu pour ses marques Président ou Lactel, détient 83,3 % de Parmalat, a-t-il annoncé dans un communiqué.
La réussite de cette OPA à 2,60 euros par titre, qui avait été rejetée par Parmalat, était conditionnée à l'obtention d'au moins 55 % du capital.
L'acquisition de Parmalat, groupe redressé depuis sa faillite retentissante de 2003, fait du « nouveau groupe Lactalis [...] le leader mondial des produits laitiers et fromagers », s'est félicité le groupe français.
Employant plus de 52.000 personnes dans 56 pays, le « nouveau Lactalis » pèse 14,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et passe donc devant le suisse Nestlé (10,1 milliards hors glaces et nutrition) et le français Danone (9,7 milliards hors nutrition), selon des chiffres de 2010 cités par le groupe.
« C'est une étape importante pour notre groupe qui permet à nos activités de croître de presque 50 % », a déclaré le président du conseil de surveillance de Lactalis, Emmanuel Besnier.
« Parmalat et Lactalis pourront bénéficier mutuellement de la complémentarité de leur organisation internationale et de leur portefeuille de produits et de marques afin de poursuivre leur développement », a-t-il ajouté.
Lactalis est en effet majoritairement présent en Europe tandis que Parmalat est, hors de l'Italie, bien implanté en Amérique du Sud, au Canada, en Afrique du Sud et en Australie. Le français est par ailleurs leader dans les fromages et Parmalat a une très bonne position dans le lait de consommation.
Lactalis avait d'ailleurs indiqué à la fin d'avril lors du lancement de son OPA qu'il envisageait de regrouper ses activités européennes dans le lait au sein de Parmalat, qui restera coté à la Bourse de Milan.
Au total, entre sa montée au capital avant l'OPA et l'OPA, Lactalis aura déboursé environ 3,7 milliards d'euros pour s'emparer de Parmalat, ce qui devrait faire grimper sa dette à environ 6,7 milliards.
L'adhésion des actionnaires à cette OPA, qui avait été très limitée au début, a été massive ces derniers jours alors que Lactalis avait déjà pris de facto mardi dernier le pouvoir chez Parmalat.
Lors de l'assemblée générale du groupe, dont le capital était très éclaté, le français avait fait élire ses neuf candidats au sein du conseil d'administration qui compte onze membres et avait également fait nommer Francesco Tato, ancien patron du groupe d'énergie Enel, à la présidence.
Le nouveau directeur général de Parmalat devrait de son côté être nommé mardi.
L'offensive de Lactalis pour s'emparer de Parmalat aura donné lieu à des mois de bras de fer. Prenant tout le monde de court, le français, coutumier des passages en force, s'est lancé à l'assaut de Parmalat en mars en montant à près de 29 % du capital.
Mais alors que LVMH venait de racheter le joaillier Bulgari et qu'EDF négociait pour prendre le contrôle du groupe d'énergie Edison, cette nouvelle offensive française a suscité la colère de Rome.
Soutenues par le gouvernement, des banques et la Caisse des dépôts italienne ont alors tenté de mettre sur pied une alliance pour contrer Lactalis, qui, face à cette opposition, a fini par annoncer à la fin d'avril le lancement d'une OPA, obligeant les Italiens à jeter l'éponge.