L'association Eau et Rivières de Bretagne (ERB) a écrit au Premier ministre pour lui demander de ne pas assouplir la réglementation environnementale relative aux élevages de porcs, un arbitrage que Jean-Marc Ayrault devrait rendre dans les prochains jours.
« Au moment où les plages de Bretagne sont à nouveau envahies par les marées vertes qui obligent l'Etat et les collectivités à dépenser des sommes d'argent public faramineuses pour collecter, transporter et traiter ces algues dangereuses pour la santé publique, les citoyens ne comprendraient pas que vous baissiez la garde et que vous affaiblissiez la protection de la qualité des eaux », écrit l'association dans une lettre ouverte adressée à Jean-Marc Ayrault.
Parmi les assouplissements réclamés par les producteurs de porcs, figure notamment le relèvement du seuil à partir duquel une autorisation préalable de l'Administration est nécessaire pour pouvoir étendre leurs élevages, seuil qui serait porté de 450 places actuellement à 2.000.
« A la transparence de l'enquête publique, cette régression substituerait une procédure opaque et une analyse superficielle des inconvénients des extensions des élevages industriels », considère ERB, rappelant le vœu du président de la République de « faire de la France le pays de l'excellence environnementale ».
« Nous sommes persuadés, Monsieur le Premier ministre, qu'entre la satisfaction d'une revendication démagogique d'une minorité d'éleveurs industriels et le maintien de textes protecteurs de l'environnement et de la santé publique, vous saurez trancher en faveur de l'intérêt général », écrit l'association de défense de l'environnement.
La semaine dernière, la Cour de justice européenne a constaté le manquement de la France à ses obligations en matière de lutte contre la pollution aux nitrates sans lui infliger dans l'immédiat les lourdes sanctions pécuniaires qui la menacent.
Un plan national de lutte contre les algues vertes a été lancé en février 2010 après la mort d'un cheval et le décès suspect d'un salarié chargé de leur ramassage pendant l'été 2009.
En avril dernier, l'Etat avait été condamné par le tribunal administratif de Rennes à verser 7 millions d'euros au département des Côtes-d'Armor pour l'indemniser des sommes engagées jusqu'en 2009 dans la lutte contre les algues vertes.
Malgré une amélioration, en moyenne, du taux de pollution par les nitrates des rivières bretonnes, plus de 50.000 tonnes d'algues vertes se sont encore échouées sur les plages en 2012. Les producteurs de porcs font valoir que ces algues vertes sont prioritairement dues aux carences des communes en matière d'assainissement.
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