« La tubérisation des pommes de terre est affectée par le manque d'eau », a confirmé mardi François-Xavier Broutin de l'UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre). Le nombre de tubercules par plant ne devrait donc pas être élevé cette année. Leur grossissement va maintenant dépendre des pluies et des températures des prochaines semaines. Les cultures sont très hétérogènes selon les parcelles, l'irrigation, les conditions d'implantation... « Même s'il est trop tôt pour donner des chiffres de production, on peut déjà dire qu'à ce stade les rendements ne seront pas exceptionnels comme l'an dernier », ajoute le spécialiste.
Le point par région pour les pommes de terre de consommation :
En Normandie, pour les pommes de terre à cycle court (hâtives et à chair ferme), le mal est fait. Avec le manque d'eau, on observe des signes de senescence du feuillage ; or le rendement en tubercule et le calibre ne sont pas là. Les rendements ne seront pas exceptionnels. Les variétés plus tardives encore bien vertes font le « gros dos » en attendant la pluie, elles peuvent patienter sans pluie.
En Beauce, on en est déjà au dixième tour d'eau, il est parfois difficile de suivre le rythme. La végétation se maintient mais à plus de 30°C il n'y a plus de photosynthèse. Des premiers arrachages ont eu lieu à cause de la sécheresse.
En Champagne-Ardennes, 8 à 12 tours d'eau ont déjà été réalisés. C'est très hétérogène. Les défanages ont commencé sur les pommes de terre à chair ferme et celles hâtives.
Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, les conditions sont meilleures, à part dans l'ouest de la zone (Flandres) où la situation est très sèche depuis le début de la campagne. Les variétés pour l'industrie sont plus tardives et peuvent limiter les dégâts.
Pour les pommes de terre à fécule, non irriguées, le déficit hydrique aura de fortes conséquences même si les variétés sont plus rustiques. « Dans les prélèvements réalisés, il y a des situations où le rendement est historiquement très bas à date comparable », souligne François-Xavier Broutin.
Au niveau européen, le NEPG (groupe des producteurs de pommes de terre du Nord-Ouest européen) estimait au 9 juillet que la récolte de 2015 serait en baisse de 12,4 % comparé à 2014. Elle ne devrait pas dépasser les 25 millions de tonnes. La surface totale de pommes de terre de consommation de ces cinq pays est en recul de 3,6 % tandis que les rendements en 2015 pourraient tourner autour de la moyenne des cinq dernières années ou un peu plus bas, soit 47,4 t/ha. Les rendements sont annoncés bas pour les hâtives belges car la sécheresse les a empêchées de grossir et de mûrir.