La communauté juive de Pologne a demandé à la Cour constitutionnelle de ce pays de se prononcer sur la conformité avec la Constitution d'une récente loi interdisant l'abattage rituel, a indiqué la Cour mardi.
« La Cour constitutionnelle a reçu vendredi une demande à propos de la conformité de cette loi avec la Constitution », a déclaré la porte-parole de la Cour, Katarzyna Sokolewicz-Hirszel.
Dans sa requête, qui sera examinée à une date qui n'a pas encore été précisée, la communauté juive fait état d'un conflit entre les dispositions de cette loi et les droits des communautés religieuses, définis dans la Constitution et notamment dans son article 35 qui « garantit aux communautés ethniques la liberté de conserver et de développer leurs coutumes et leurs traditions », dont l'abattage rituel et la consommation de la viande casher fait partie.
L'abattage rituel des animaux est interdit en Pologne depuis le 1er janvier. Un projet d'amendement proposant de le légaliser à nouveau a été rejeté le 12 juillet par le Parlement, suscitant de vives réactions, tant des communautés juive et musulmane que des producteurs polonais de viande casher et halal pour exportation.
« La communauté musulmane compte également déposer sa propre requête à la Cour constitutionnelle », a indiqué mardi le grand mufti de Pologne, Tomasz Miskiewicz.
La décision du Parlement polonais avait été vivement dénoncée par Israël qui l'a jugée « totalement inacceptable », et critiquée par des responsables d'organisations juives et des rabbins européens.
Avant l'interdiction, environ 90.000 tonnes de bœuf halal étaient exportées annuellement par la Pologne vers les pays musulmans, surtout la Turquie, et 4.000 tonnes de viande casher vers Israël. La valeur de ces exportations est estimée entre 250 et 350 millions d'euros par an.
Lundi, le président du Congrès juif mondial (WJC), Ronald S. Lauder, a aussi alerté le pape François sur l'interdiction de l'abattage rituel casher en Pologne, a indiqué le WJC dans un communiqué.