Auditionnés, le jeudi 23 mai 2013 au Sénat, par la mission d'information sur la viande, des représentants du culte musulman ont réaffirmé que « l'étourdissement préalable, qu'il soit ante ou post mortem, n'est pas compatible avec l'abattage rituel ».
S'il a aussi été question d'étiquetage et de transparence, le bien-être animal est le sujet qui a animé les échanges. Bernadette Bourzai, sénatrice de la Corrèze et présidente de la mission, a conclu les débats en proposant d'organiser « une confrontation avec les scientifiques pour qu'ils nous aident à comprendre quel est le meilleur mode d'abattage, s'il y en a un. »
Après avoir rappelé son attachement à la liberté de conscience et de culte, Sylvie Goy-Chavent, sénatrice de l'Ain et rapporteuse de la mission, s'est immédiatement interrogée sur la pratique d'abattage rituel sans étourdissement préalable. Les représentants du culte musulman ont balayé ses arguments. « Vous pouvez trouver des avis [...] qui peuvent dire que l'étourdissement peut être accepté, admet Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Mais cet avis est minoritaire. La position officielle des écoles juridiques musulmanes est unanime : l'étourdissement préalable, qu'il soit ante ou post mortem, n'est pas compatible avec l'abattage rituel. »
« Nous voulons consommer français »
Les représentants musulmans mettent d'ailleurs assez vite en garde les sénateurs sur les risques qui, pour eux, pèseraient sur la filière française, si la France systématisait l'étourdissement. « Lorsqu'on entend dire qu'en France, la majorité des viandes sont étourdies, tout de suite on a des appels au boycott de la viande française, prévient Mohammed Moussaoui. Et je pense qu'on ne rendra pas un service, ni aux professionnels, ni aux producteurs, que de dire que la viande venant de la France est étourdie. » Et Kahlil Merroun, le recteur de la mosquée de Paris, d'ajouter : « Nous voulons servir le pays, nous voulons faire la promotion de l'élevage français, nous voulons consommer français, nous voulons trouver des solutions ensemble. »
Trouver des solutions ensemble est aussi l'ambition de Kamel Kabtane, le recteur à la mosquée de Lyon. Il a regretté que les autorités religieuses juives ne soient pas auditionnées en même temps que celles de la religion musulmane. « On ne parle pas de l'abattage musulman ou juif, insiste-t-il. On parle de l'abattage rituel dans sa globalité. Dans toutes les réunions, nous étions ensemble pour montrer qu'il n'y a pas de différence et qu'à ce titre nous devions répondre ensemble des problèmes que pose l'abattage rituel en France. Nous sommes aussi sensibles que vous au bien-être animal. Je pense qu'il faut que nous puissions réfléchir ensemble, madame la présidente, pour trouver une solution aujourd'hui. L'animal doit être traité avec respect. »
Concernant l'étiquetage, les représentants du culte musulman s'accordent avec les sénateurs sur le fait que le consommateur a le droit de savoir comment l'animal a été abattu. « Mais quel type d'information le consommateur a-t-il besoin d'avoir ? s'interroge Mohammed Moussaoui. On pourrait se poser la question sur la nourriture de l'animal, sur comment il est transporté, après sur comment il est traité. Et si on prouve que le mode abattage est une information importante et primordiale, quelle forme prendra-t-elle ? Il faudra préciser le type d'étourdissement : le pistolet à tige perforante, le gaz, électrocuté. »
« Nous sommes preneurs d'études impartiales sur la souffrance animale »
Aux remarques sur la souffrance animale, le président du CFCM finit par expliquer que, si le culte musulman est contre l'étourdissement, c'est pour « éviter d'infliger à l'animal une souffrance supplémentaire, assure Mohammed Moussaoui. Nous considérons que l'étourdissement est une souffrance infligée à l'animal de façon inutile. C'est notre conviction. Vous pouvez ne pas la partager mais nous sommes convaincus que la façon dont les musulmans et les juifs tuent les animaux est beaucoup plus respectueuse de son bien-être que l'abattage standard. Il y a des études concernant la souffrance animale qui sont très partagées d'ailleurs. [...] Nous sommes preneurs d'études sérieuses et impartiales sur la souffrance animale. »
Bernadette Bourzai, la présidente de la mission, a saisi cette main tendue. « Il faut mettre à plat des pratiques qui peuvent être source de méfiance, voire d'opposition ou de stigmatisation, insiste-t-elle. Vous avez fait la proposition de fournir des références scientifiques quant à la souffrance animale. Nous avons par ailleurs le rapport de l'Inra. Nous allons organiser une confrontation avec les scientifiques pour qu'ils nous aident à comprendre quel est le meilleur mode d'abattage, s'il y en a un. Et soyez assurés que nous n'avons pas la volonté de stigmatiser qui que ce soit mais de faire en sorte qu'il y ait de la transparence dans l'ensemble de la filière de la viande, et je ne parle pas seulement de l'abattage. Nous sommes très soucieux de savoir ce qui se passe dans les circuits de commercialisation. »
Assez comme ça!
samedi 25 mai 2013 - 08h07
Quand on pense que déjà au moins 60 % de la viande est issue de l'abattage rituel, alors que 80 % des consommateurs n'en sont pas demandeurs, c'est déjà faire preuve de beaucoup de largesse d'esprit. Alors n'en rajoutons pas SVP!