« Transformer la diversité de l'agriculture européenne en force », telle est l'ambition du rapport présenté par la présidence grecque de l'UE lors du conseil agricole informel qui s'est tenu le 6 mai 2014 à Athènes.
« Renforcer la diversité dans toutes ses dimensions est source de développement et de gisement d'emplois, notamment pour les jeunes », a déclaré le ministre grec de l'Agriculture. La création de nouveaux labels européens est proposée : insulaire, montagne, traditionnel... Des labels qui se superposeraient à ceux que nous avons déjà. La difficulté est de mettre une définition et des critères derrière ces termes. Le travail risque d'être encore long.
Si l'objectif est de rapprocher les agriculteurs des consommateurs, c'est aussi de mieux valoriser les produits agricoles européens, notamment dans le cadre des accords bilatéraux actuellement en discussion avec le Canada ou les USA.
« Nous devons voir comment nous pouvons embrasser la diversité de l'agriculture et en faire une opportunité, un avantage comparatif. Nous sommes différents des USA par exemple, avec nos traditions et nos cultures et nos contextes agricoles. Nous devons construire sur cette diversité », a déclaré Dacian Ciolos, le commissaire européen en charge de l'Agriculture.
Cette diversité se construit d'abord avec une nouvelle Pac flexible. « Avec 12 ou 15 Etats-membres, l'UE a fait des règles pour tous et ensuite autorisé tout un tas de dérogations. Maintenant à 28, cela a un sens d'avoir davantage de flexibilité dans le respect des règles, tout en maintenant des standards communs et d'autres règles (comme les règles de concurrence) sur le marché commun ».
C'est l'argument mis en avant pour justifier une Pac trop souvent dénoncée comme « à la carte ». Outre la Pac, la Commission et le Conseil misent aussi sur l'innovation, sans qu'elle standardise les agricultures européennes. « Elle ne doit ni nuire à la diversité, ni empêcher la performance », a souligné Dacian Ciolos.
Intervenant lors de ce conseil, les représentants du Copa-Cogeca (organisations et coopératives agricoles de l'UE) ont souligné l'importance de la diversité et de la qualité des produits agricoles européens et du rôle majeur de l'innovation pour les préserver.
« Les agriculteurs et les coopératives jouent un rôle de premier plan dans la préservation de cette diversité, a déclaré Christian Pèes, le président du Cogeca. Ils garantissent un secteur agricole durable, efficace et compétitif. »
Le représentant agricole se réjouit également que la nouvelle Pac mette l'accent sur les coopératives. « Elles pourront notamment négocier collectivement les contrats », a-t-il déclaré tout en insistant sur l'importance de veiller à la mise en œuvre pratique de cette nouvelle prérogative. Il a aussi insisté sur la nécessité de protéger les appellations d'origine et les signes de qualité.
De son côté, Maira Dzelzkaleja, la vice-présidente du Copa, a affirmé que cette diversité rend le secteur plus résistant aux crises. « Les efforts de recherche et d'innovation doivent être renforcés et les connaissances transférées aux agriculteurs », a-t-elle insisté, notamment pour une meilleure utilisation des ressources.
De concert avec dix organisations professionnelles agricoles et agroalimentaires, le Copa-Cogeca a remis aujourd'hui une déclaration aux ministres dans ce sens. Le document insiste aussi sur l'importance de l'emploi dans le secteur qui compte « 30 millions de personnes et représente 5 % de la valeur ajoutée brute de l'UE ».
Le document de la présidence grecque est aussi en phase avec les attentes du Ceja, le syndicat européen des jeunes agriculteurs, et le besoin que ceux-ci ont exprimé de contribuer à augmenter le nombre de jeunes dans l'agriculture.