Le manque de clarté sur les bénéfices à attendre d'un accord sur le cycle de négociations de Doha à l'OMC complique les négociations qui attendent un élan politique difficile à obtenir dans ces conditions, ont estimé mardi des membres de l'OMC.
« Nous avons calculé la peine que nous allons devoir supporter, mais nous ne connaissons pas encore les résultats », a expliqué le représentant de l'Union européenne John Clarke lors d'un colloque organisé par l'OMC, à Genève, sur le cycle de négociations lancé en 2001.
Le représentant américain, Michael Punke, a estimé également que les incertitudes sur les bénéfices d'une conclusion des négociations constituaient un problème pour Washington.
« Ce qui est vraiment clair, c'est le coût et ce qui n'est pas vraiment clair, ce sont les gains », a-t-il souligné. « Beaucoup a été réclamé aux Etats-Unis (dans le cadre de ces négociations) mais nous ne savons pas ce que nous allons obtenir » en échange, a-t-il insisté, expliquant que ce flou rendait difficile la défense du cycle face au Congrès américain.
Le Brésilien Roberto Azevedo a abondé : le cycle est « très difficile à faire avaler » en termes de soutien national, sachant que personne n'a de clarté sur les gains finaux.
Selon de nouveaux chiffres présentés lors du colloque par un expert de la Banque mondiale, Will Martin, une levée des barrières tarifaires pour l'agriculture et les produits industriels, tenant compte des formules de calcul prévue par les négociateurs et des flexibilités réclamées par les pays, permettrait de faire gagner annuellement à l'économie mondiale quelque 121 milliards de dollars.
Les données varient toutefois beaucoup en fonction des paramètres pris en compte par les spécialistes.
Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, qui servait de modérateur aux discussions, a reconnu que juger les retombées économiques du cycle était une tâche « complexe » qui ne sera possible que lorsque les négociations seront conclues.
Toutefois, a tempéré le représentant européen, si ce manque de visibilité rend la négociation encore plus ardue, « au bout du compte la décision sera politique ».
Un point de vue partagé par nombre de membres de l'OMC dont beaucoup, à l'instar du représentant chinois, attendent « une ligne directrice » pour l'avenir de la part du G20 qui se réunit la semaine prochaine en Corée.
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